Un p'tit air de rue
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Un p'tit air de rue

Projet de rue
 
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 Le livre

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Art. 35
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MessageSujet: [Accords plur./accents/ponct. - LHALV] [Fait, 3 corr - Tuil]   Le livre - Page 10 EmptyMar 13 Jan - 14:55

Le vent souffle et embrasse le bitume gelé. Le noir enveloppe les rues et le crachin fouette les peaux blafardes, les visages anémiques des résidents du trottoir. Quelques putes reposent leurs culs et des soulards s’écroulent, se fondent dans le trottoir qui brille rose néon. Ces visages sont sales et même lavés ils gardent les rides de la misère qui se creuse dans les chairs de ces presque rien. C’est étrange de les regarder déambuler comme des pantins désarticulés, ils sont pris dans un mécanisme qui tourne en rond. Un homme tombe là-bas, une pute monte dans un hôtel, et dans ce joyeux massacre des vertus un homme s’avance et reste là, debout. Il ne bouge pas et personne ne le regarde, personne ne voit personne. Les ivrognes continuent de vomir et les putes de tapiner mais lui il reste là. Il est sans âge et sans signe particulier. Commun, banal. Il reste debout et ne cille pas, fixant un point trop haut pour se situer dans ce bordel. Il ne bouge pas et reste ainsi pendant des heures, inanimé, sans que personne ne le remarque. Son masque est figé.

Le vent souffle et embrasse le bitume gelé. Le noir enveloppe les rues et le crachin fouette les peaux blafardes, les visages anémiques des résidents du trottoir. Quelques putes reposent leur cul et des soulards s’écroulent, se fondent dans le trottoir qui brille rose néon. Un homme qui était jusque là immobile au milieu des fous entre désormais dans l’hôtel de passe juste derrière lui. Il plonge dans la fumée, pénètre dans le néant et la brume, dans cette marée d’âmes errantes qui suent pour ressentir. Il va s’abandonner et laisser son esprit derrière lui, son humanité, il va danser avec la mort et il se consumera.

Le vent souffle et embrasse sa perte. Le noir entre dans son corps, et le crachin c’est lui, éparpillé, sublimé. Il fouette les visages anémiques.



Art. 35.
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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyMar 13 Jan - 17:47

Edward le lampion.


Edward était un gamin
Qui le jour de sa naissance
Collé des pieds et des mains
Au mur et sans connaissance
S’était retrouvé soudain.

Malgré les efforts de sa pauvre mère
Et les théories des fiers médecins
Il fût impossible de faire toucher terre
Cet enfant dont le terrible destin
Ressemblait à celui d’une étagère.

Ainsi l’avait-on nommé : Edward le lampion
Car au grand jamais n’avait-il pu quitter un mur
Si bien qu’il fallut amener le meilleur maçon
Pour lever une palissade, froide et dure,
Et le transférer dans sa nouvelle habitation.

Malgré son addiction aux surfaces planes
Le môme adorait regarder de haut
Mais de sa vie il ne vit que des crânes
Parfois lui adressait-on quelques mots
Pas plus d’attentions pour cette fausse épargne.

Edward s’éteint assez tôt
Le cadavre suspendu
Murs blancs, parents en sanglots
Pour tous le gamin ne fût
Qu’encore un enfant de trop.



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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyMar 13 Jan - 18:05

Doux comme un agneau carnivore


Je suis doux comme un agneau carnivore
Et quand on m'souffle dans les bronches
Je flambe plus vite qu'un champ de coton
Drapeau noir de tête de mort
Flibustier, j'ferai pas de quartier
Je n'aime pas la flatterie des faux jetons
Et j'entretiens une aversion pour le truqué
Ton entreprise de démolition a fonctionné,
Je suis niqué de l'intérieur
Mes bras crachent du sang
Mon cœur perd ses dents et
J'ai le cancer de la bonne humeur
A quoi sert de vouloir recoller les morceaux
Si de jour en jour on m'ressert le même repas
Un plat principal trop amer que je digère pas
Et au dessert quelques couteaux dans le dos.


Je suis doux comme un agneau carnivore
J'ai développé une résistance organique
Contre les vampires affectifs ainsi qu'
Les sirènes qui sifflent pour que tu t'jettes par-dessus bord
Arrête moi si j'ai tord mais les oreilles attentives
Ça devient un mythe et encore j'y vais pas fort
Ecoute cette énigme et devine bien
C'est un plat et c'est froid
Celui qui le cuisine s'en lave les mains
Et celui qui le mange s'en mord les doigts


HeLiuM.
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Fildarm
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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyMar 13 Jan - 19:41

Extrait de roman : Drouot


"L'hôtel des ventes apparut devant moi. Comme la veille, il trônait majestueusement sur l'ensemble du quartier. Le bâtiment semblait toiser les environs, de son allure surréaliste de château Kafkaïen. Autour de l'édifice, des camions allaient et venaient, s'arrêtant à la lisière de Drouot, et dans lesquels des hommes chargeaient des meubles de tous bois, des tables gygognes s'encastrant comme des poupées russes, des vieux miroirs ébréchés garnis de dorure en toc, des lustres, quelques lampes. C'était une vraie ruche où chacun s'affairait : il y avait les porteurs au physique de déménageur suant et soufflant à la mode pécari, les logiciens de pacotille chargés d'agencer au mieux la marchandise dans les coffres des véhicules : il fallait être méthodique pour rentrer 6 meubles, 4 tables et une méridienne dans un espace aussi petit qu'un cellier ! Un vrai casse-tête à résoudre. Ceux-la semblaient toujours sur le point de hurler, gesticulant, prononçant invectives et conseils aux chargeurs, à la manière de ces coachs toujours insatisfaits de la performance de leurs joueurs. L'un d'entre eux gueulait, hors de lui : « Le miroir ne passe pas ! Il passe pas bordel ! ». Le dit miroir s'échappa des mains du porteur pour embrasser le bitume. 7 ans de malheur. Et le logicien, sorti de ses gonds, foulant les bris de glace d'un air farouche, hurlait : « Incapables, huissiers infernaux, manchots ! A la casse, à la casse ! ». Pendant ce temps le mobilier continuait à sortir du ventre de Drouot, inlassablement, comme s'il eut été digéré puis expulsé. Un bel appétit qu'il avait l'hôtel des ventes ! Les coffres de camions étaient les voies d'épuration par lesquelles se vidait Drouot. Et quel débit ! Des méridiennes, des beaux tableaux, des croûtes, des chandeliers, des coussins, des affiches estampillées « Bébé cadum » : tout ce bric à brac de pacotille et de valeur atterrissait dans des remorques, des sacs, des cartons puis dans les coffres béants de camion où il disparaissait.

Au milieu de la cohue, un homme vêtu de guenilles adossé contre une porte condamnée de l'hôtel des ventes, fumant un vieux cigarillo empestant à des mètres à la ronde, se tenait tranquille. Il observait, un sourire narquois aux commissures, ce grand déménagement où chacun s'affairait. Cet homme semblait tirer une jouissance de son statisme amusé, contrastant avec les mouvements frénétiques des autres. Je m'approchais. L'odeur du cigarillo laissait un goût âcre sur la langue. Je m'accroupis a un mètre du type. Il me toisa un moment avant de prendre une expression absolument neutre. Un bruit sec résonna à ma gauche : un porteur venait d'arracher par mégarde la toile d'un portrait, qui pendait lamentablement sur ses genoux. Un logicien accourut, furibard, et beugla: « C'est pas une vie, non c'est pas une vie ! Y sont forts comme des colosses mais adroits comme des chiards ! Assez, assez ! ». Alors le fumeur lâcha son cigarillo, l'air pépère mais légèrement remonté. Il se mit debout, foula son brûle-gueule du coin de l'orteil. Enfin il lâcha au logicien une véritable bordée de mots, une mitraille de phrases : « Sangsue, lamproie d'égoût, tu vas la fermer ta gueule ? Regardez moi ce charognard, ce vautour, la main gloutonne, les yeux de pourceaux, et sanguins avec ça ! Monsieur vient de perdre une croûte sur la montagne de tableaux qu'il a déjà revendu à prix d'or, et il enrage ? Monsieur vide les greniers du tout Paris, vole les quelques richesses des familles miséreuses, et il se plaint ? Ah elle peut sourire la méchante hyène, elle empoche l'oseille ! Un billet par là, une liasse par ici : recycleur de malheurs ! Ça profite des décès, des liquidations judiciaires. Vrai, j'irai chier sur ta tombe ! Et sur toutes celles des buveurs de sang de ton espèce ! ». Une fois sa harangue terminée, le type sortit un cigarillo de sa poche a moitié trouée, le porta à ses lèvres. Et d'un coup il l'happa, tout naturellement. Puis il le ressortit. Allumé. Le cigarillo était allumé. Il prît ses clic et ses clac, avant de rentrer au « Circus Drouot », le bar du coin."
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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyMar 13 Jan - 20:44

Peter, l'enfant aux avions en papier.


Peter était l’as des avions en papier
Les lents, les grands rapides, ceux qui piquent du nez
Peter savait vraiment tous les fabriquer.

Dans sa hutte de manuels au dernier rang
Peter préparait, caché, ses assaillants
Dans sa tête mijotait un terrible plan…

…Il avait inventé un avion si grand !
Il pouvait s’y asseoir comme pour ceux des grands
Tirer des gommes, des équerres aux bouts tranchants.

Le jour où il se sentit bien préparé
Peter perfora le maître de son armée
Puis monta sur son grand avion en papier.

Pauvres camarades de classe aux nez tranchés !
Peter sévit sur son horrible destrier
Pas un ne survit, tous seront achevés.

Mais voilà une triste fin pour l’enfant
Qui happé par une fenêtre ouverte en grand
S’écrase dans la cour le corps pissant le sang.



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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyMer 14 Jan - 1:21

Anouar et Rajae


Ensemble face à la mer, frappés de sublime par la boule de feu naissante dans le lointain, les deux amants goûtent l'un à l'autre. Tendres corps couchés se buvant des lèvres, les regards de saints extasiés, roucoulant d'amour. Vagues allant l'une sur l'autre, remous heureux battant l'écume du plaisir. L'Océan gronde. Titillements malins, fausses dérobades. Frissons, ô oui frissons. Frissons de chair, soupirs étouffés sur lit de corail. Deux corps qui se fondent l'un par l'autre. Plaisir. Grondements furieux dans leurs tréfonds. Reins qui poussent, voix qui crient. Cheveux, visages trempés de joie, bercés de brise marine. Flux et reflux. Le vent et la mer roulent sur eux par embruns, écumes sans cesses renouvelées au creux des muqueuses. Coquillages d'iode, parfums de sel. Étincelles de vie, étreinte éternelle. Terrible lame de fond qui arrive et grossit. Coït, jouissance, abîme voluptueux. Anouar et Rajae, heureux devant la mer et le soleil, étourdis de Félicité. A deux, couchés l'un sur l'autre, ils s'endorment sur le rivage. Bonheur simple de l'après.

Mouvements de cils, regards voilés de brume : ils sont bien, dans la torpeur conjugale des heureux. Par petites caresses, les deux corps reviennent à la vie, saints attouchements du réveil. Ils se regardent longuement, sourire au fond de l'iris. Tout dans le regard. Oui je t'aime, je t'aimerai du berceau jusqu'à la pierre tombale. Voilà ce qu'ils se disent par les yeux, allongés sur le sable de Nouakchott. La peau craquante de soleil, Anouar et Rajae se lèvent, fiers étendards de l'inaltérable jeunesse. Ils longent la mer et les passants les admirent, se retournent sur eux. Les vieilles se pâment devant l'innocente virilité d'Anouar, tandis que les vieillards palissent à la vue de Rajae, femme féline au souple allongement de chatte.

Idoles idéales de l'amour, ils gravitent sur le plancher des vaches. Un large sourire flotte à leurs commissures, étendards de joie partagée. Toupies, objets célestes, virevoltant de transports amoureux. Ils se prennent par la taille, par les mains, par les yeux : accolades nécessaires de parade. Murmures enflammés, pudeur vaincue, furieux battements de paupière. Petits noms, mimiques gourmandes : innocentes singeries dont se repaissent les passants. Dans les souks, les gens se taisent à leur passage, si gloutons qu'ils ne laisseraient s'égarer une miette de bonheur. Silence, silence dans le sillage d'Anouar et Rajae. Doigts dans les doigts, ils se dirigent vers la porte de la ville.

Le désert. Vaste comme l'éternité, comme eux. « On est aussi fort que le Sahara, pas vrai ? ». Rajae hoche de la tête, embrasse Anouar. Ils font quelques pas sur les dunes, observent le vide éclatant de soleil. L'étendue sablonneuse se perd à l'horizon, mer infinie. Un léger vent se met à souffler, s'engouffre dans les narines et sous les aisselles. Au loin, l'astre jaune rougit, devient pivoine. Un tissu d'étoiles s'abat. La peau des amants s'hérisse, glacée par la température tombante. Le froid gèle les pierres brûlantes, le sable se tasse pour contenir la chaleur. De petites formes sortent des dunes. La nuit, les bestioles chassent. Anouar allonge Rajae, la caresse. Entre deux ergs, il la prend tendrement. Oasis invraisemblable, gorgée de liquide séminal. Palmeraie de plaisir. En sphynxs très antiques, les amants trônent sur le désert, énigmes vivantes de la Félicité. Puis le silence. Torpeur formidable des heureux.
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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyJeu 22 Jan - 16:07

I grab him with my eyes,
Four tet inside my head,

flying in the air
dancing in the cold wind,

he wanders, sleepwalking
changing, spreading life,
He's beautiful
my grey cloud...

He's beautiful,
this grey shadow,
this sweet,

and beautiful

cloud...


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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyMar 27 Jan - 13:55

Pluie.
Vent...
En plein visage l'air nous gifle, sans aucune pitié.
Villeurbanne s'étend à perte de vue et c'est grise et froide qu'elle accueille la tempête.
Lorsque les rafales dansante et violente de milliards de minuscules gouttes glacés l'assaille, elle reste de béton. Dure.
Rien ne bouge sauf quelques rares passants qui semblent submergés.
Il faut imaginer la voix de Robert Plant et la guitare de Jimmy Page déchirant "dazed and confused" dans le silence de ma piaule, perché au coeur de la tempête du siècle... les deux musiques s'affrontent, la fureur contre la sublimation, et se mêlent.
Et moi je suis au milieux, et je m'envole.


Art. 35.
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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyJeu 29 Jan - 21:31

Extrait de roman : Rencontre



Un son résonne dans le crâne. Il n'est pas très beau. Il donne même un peu la nausée. Ça pince les tympans. Flou de notes, vision brumeuse. Réveil en tintamarre. Le voisin a remis le crin-crin. Il jouait la fanfare à lui tout seul : Bartok ne s'en remettra pas cette fois. C'était comme un déluge de pointes acérées, tombant drues sur les têtes. Je me réveillais hébété, la lumière du matin traversant le rideau ocre. Des injures informes s'échappaient de ma bouche. Enfin je hurlais très clairement : « ASSEZ FOUTRE MINABLE, METS AU MOINS LA SOURDINE! ». Une chape de silence s'abattit sur l'immeuble. Je rigolais un bon coup : il avait compris le couillon. Puis je me dirigeais vers la cuisine pour prendre une queue de rat coincée entre le frigo et l'évier. En deux temps trois mouvements, le légume était découpé en fines lamelles recouvertes de sucre blanc : mon péché mignon du matin. Je m'en baffais jusqu'aux narines. Toc-toc. Quelqu'un attendait à la porte. Le voisin ? Je pris un radis noir bien rigide, au cas où il m'emmerderait. J'ouvrais : une fille aux grands yeux verts me dévisageait. Elle tenait un violon. Mon regard dériva progressivement du manche de l'instrument à son corps. Elle n'était pas très attirante. Ou plutôt, il y avait dans son maintien quelque chose de disgracieux, donnant à sa physionomie un air de vulgarité. Elle tenait le violon par la volute, les doigts resserrés en tenailles. De petites veines indigos saillaient ses poignets. En remontant vers la poitrine, un choc sourd me frappa les entrailles : elle avait de gros seins. Puis le cou blanc, les fines lèvres roses. Et ses yeux, d'un vert d'humus. Alors elle me dit : « La sourdine, j'aime pas : le silence me donne la nausée. Je préfère le bruit, l'orchestre, la fanfare. Si ça vous débecte de vous sentir vivant, allez creuser un trou au cimetière de Montmartre et plongez-y. La-bas tout sera calme ». Sur ce, elle referma la porte en tôle rouge carmin. J'ai fixé la serrure une bonne minute, le radis noir serré entre les doigts. Puis j'ai réouvert le battant : plus personne. Sa voix était aigüe, avec des échos graves par moments. Elle restait dans la tête. Le mot « trou » résonnait dans le crâne. La paix des morts, le grand silence dans la tombe... Sur mon visage, quelque chose me grattait. La voix de la fille bourdonnait, s'éloignait, revenait inlassablement. Le murmure tranquille de son timbre grave amplifiait le mot. Trou, trou... TROU ! Un tic nerveux crispa mes lèvres et je m'effondrais sur le sol, la tête pleine de bruit et de fureur, si brûlante qu'il me semblait sentir des rigoles de lave embraser mes tympans.


Fildarm.
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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyMer 11 Fév - 21:07

Sentences de vie


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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyMer 11 Fév - 21:17

Vous ne comprenez pas


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MessageSujet: .   Le livre - Page 10 EmptyVen 27 Fév - 19:52

J'ai vomi sur le bitume.

Sur le carrelage glacé d'un aéroport. Sur la moquette fourbe et fausse de ma chambre d'enfant. Dans le caniveau de la prison froide ou j'errais. Versé mes tripes sur l' indifférence, les préjugés et le manque de connaissances.

J'ai lâché mon amour, mes rêves, mes espoirs jalousement protégés. Ils se sont évadé, ont explosé d'étouffement, mélangés a la matière palpable de ce que j'avale quotidiennement.

Je les ai déversés sur une réalité inconcevable m'assommant l'âme d'un coup de massue. Lâchés, les chiens enragés, dans l'espoir qu'ils me défendent, mangent le fer chaud qui les a réveillés, dévorent le pic brulant qui les a transpercés.

Mais ils se sont étalés, la morts, gluants et visqueux sur le bitume, le carrelage, la moquette ou le caniveau.
Indifféremment.
Sans bruit.
Sans résonance.
Sans laisser d'autres traces que celles effacées par la pluie du lendemain, ou la serpillère d'une main lasse.
Encore une.

J'ai vomi un mètre trop loin de ses chaussures haineuses.
Deux mois trop tôt avant l'ignorance.
Un jour trop tard après les préjugés, l'orgueil et l'indifférence.
Une fois au lieu de mille, sur la terre au lieu de son visage, du vomi au lieu des mots.
Jamais au bon endroit, au bon moment.
Toujours à coté de la bonne plaque, sur l'une d'elle, innocente et lointaine.

J'ai lâché les chiens.

Puis il fallait de nouveau manger. Remplir un estomac découragé. Le forcer à y croire a nouveau, lui mentir avec de beaux idéaux.
Avant que le roi suivant ne lui impose son indigence. A nouveau.
Ne lui vole tous ses biens.
Ne tue tous les siens.
Et qu'il reperde patience.
Croulant devant tant d'ignorance,
d'apathie ou d'indifférence.

A quoi bon le remplir d'amour, puisqu'il est voué l'expulser?

Doit-il mourir de chagrin?

Abandonner le pire aux siens qu'il chérit?
Il le peut.
Ne le fais pas.

S'il vit encore,
C'est qu'il a toujours faim.
Qu'il le dit, mais que l'on ne l'entend pas.

Il rêve qu'un jour, il saura tendre sa main.
Que celle-ci, bien tendue, saura être tenue.
Que petit à petit, à nouveau rempli, tout ce qu'il ingurgite restera, bien au chaud, bien loti.

Que le bonheur d'une caresse,
De mots doux que rien ne pressent
raisonnent en lui
Que la chaleur d'un corps,
Les sourires de celui qu'il adore
effacent tous les cris,

Quand le chien s'endort.
Ne se réveille que plein de bien,
Veille sur un futur malin,
Un agréable destin.

Quand il s'endort, tranquille,
Entend les bombes dans la ville,
Et protège l'amour,
S'en fait le gardien pour toujours.

Il veille sur toi.
Et le fait très bien.





Bihly
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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyMer 4 Mar - 23:30

Une réincarnation, ça peut faire mal.

Voici la marche à suivre : tu jettes les remords, tu gardes la rancune, tu débranches la respiration artificielle de ton père pour recharger ton portable, tu apprends à vivre avec un seul bras, tu fais sécher tes boyaux sur ton intestin qui te sert de corde à linge, et tu taches de prendre soin de tes ongles, puisqu'il ne t'en reste plus que cinq. Et si tu n'es pas d'accord avec ça, c'est que tu n'y as pas assez réfléchis.

Oh mon amour, le monde est si petit, je sais que l'on se reverra, je crois au destin et au karma. Et tu pourras toujours courir pour te cacher, je scierai les arbres de la terre entière, je couperai les pieds des lits pour que tu ne mettes pas en dessous, je mettrai des affiches avec ta photo dans tous les pays du monde, tout cela, au cas où le hasard ne fasse mal les choses. Je te scierai les jambes et je pénètrerai tes cauchemars pour être bien sûr que tu ne m'oublieras jamais.

J'ai su me débarrasser des cafards de ma cuisine, mais je n'arrive pas à l'enlever de ma tête.

C'est tellement plus facile de diaboliser sa douleur plutôt que de fraterniser avec. Enfin, dans les deux cas, c'est une mauvaise idée. Il faut avoir mal et s'en foutre. J'aimerai ne rien ressentir en regardant mes cicatrices. Il faut toujours que je les ouvre à nouveau. Laisser le passé là où il est. Je ne peux pas m'empêcher de l'explorer.

Car je suis né avant ma naissance, et je suis toujours vivant après ma mort. Je suis amputé.

Et voilà. Comme d'habitude, je mélange tout. Esprit, es-tu là ? Manifeste-toi. Vous pouvez lui poser des questions, il répondra par ma voix. C'est lui qui gère mes crises de larmes, mes peines de cœurs, ma paranoïa, à grand renfort de boisson. Esprit, es-tu là ? Il est mort si vite, qu'il s'est senti obligé de revenir. Esprit, es-tu là ? Qu'as-tu oublié d'accomplir ? Le bien autour de toi ?

Tout est si confus. On ne parvient plus à séparer un fait divers d'un autre.

"Est-ce que si je t'aime autant, c'est pour oublier combien je hais mes beaux parents ?"

Essayez donc de deviner : c'est moi ou lui qui parle ? Je vous sens perdu.

Et la malédiction continue, cette semaine, mon horoscope me dit que je vais mourir du cancer du sida. On a envie de traiter la malchance comme une maladie, à coup de médicaments. Une solution bancale pour un problème bancal.

Merde, faut pas tout mélanger. Un problème après l'autre. Par où faut-il commencer ? Qui est arrivé en premier ? C'est lequel qui m'a tapé dessus ? Il ma pété les dents ? C'est moi qui ait voulut ? C'était il y a un an ou il y a plus longtemps ?

Essayez de suivre un peu. Qu'est ce que vous ne comprenez pas ? Vous n'avez qu'à relire les paragraphes à l'envers, si vous n'avez rien d'autre à faire. Ou les mélanger. Ou ne pas y faire attention. Je n'y peux rien, je ne suis pas exorciste, et je n'ai pas inventé la schizophrénie. Je ne me suis même pas inventé moi-même.

Make yourself. Keep it real. Sois maître de toi-même.

Toutes ces conneries. Etre son propre maître, c'est aussi être son propre esclave.
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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyLun 23 Mar - 4:25

Imposture(s)


Il regrette les temps dépressifs. Les temps mélancoliques et vaporeux où la stimulation créatrice l'enveloppait allégrement. Il regrette ces temps où la solitude accoudée au bois d'une table suffisait à faire couler les mots sur papier. Il regrette les temps où il pouvait embrasser la première personne avec une pudeur feinte pour se répandre, se lamenter, se foutre de tout librement, rager, pester et se plaindre. Il déplore ce bonheur, cette joie anesthésiante, cette absence de compassion pour ce monde pourri qui s'embrase chaque jour un peu plus. Il se cache derrière une troisième personne nocive, s'enfonçant dans la misanthropie d'apparence et dans un puéril nihilisme de façade. Il aimerait être concerné par le concret, le matériau, plutôt que de délibérer sur le fictif et l'irréel. Il aimerait pouvoir être sincère et découvrir les limites corporelles, les barrières de la subjectivité.

Mais le conditionnel et l'hypothétique sont sa prison, le faux et son mode de vie, l'imposture est sa posture face à la barbarie environnante. Il aimerait arrêter de feindre une tristesse perdue pour serrer à bras le corps le mot "bonheur". Il aimerait mais les masques sont difficiles à tomber.

Un grand chanteur disparaît et la rage désespérée revient quelque peu, accompagnée par l'amertume et l'impuissante colère. On retourne sur la page blanche qui tient lieu de champ de bataille, qui tient lieu de seul monde envisageable. On y retourne avec difficulté, avec appréhension, avec peur. On se demande si la sincérité est une imposture, ou si l'imposture est sincère. On aimerait que tout soit aussi simple qu'un refus, on aimerait. Mais les masques sont difficiles à tomber.


Leahpar
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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyVen 27 Mar - 21:08

Je dors


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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyVen 27 Mar - 21:12

Le Knokk et le Zoute


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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptySam 11 Avr - 17:32

Mon bon Jean-Luc !


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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyMar 14 Avr - 21:09

Si ses parents lui avaient refusé de jouer dehors,
C’était sûrement par peur des remontrances du voisinage.
Car fréquemment la police intervenait pour tapage
Avec pour seul motif : « Madame, votre môme crie trop fort ! ».


Le mioche avait pourtant été éduqué dans les formes :
De l’hôpital à la crèche et de la crèche à l’école,
Tout présageait d’un avenir propre – de bons résultats,
Sage comme tout, élu meilleur camarade de classe : deux fois,
Peut encore progresser, a traité sa maîtresse de folle.
Doit se recadrer – à rediriger selon les normes.

L’assistance à domicile comme cure anti-dérapage,
Ses parents s’en voyaient chaque jour rassurés, assurés,
Car l’éducation de leur gamin entre de bonnes mains
Agissait sur eux comme un lourd poids quotidien en moins.
Ah ! Si le bambin n’avait pas commencé par hurler,
Papa et maman n’auraient ainsi sali leur image !

Du matin jusqu’au soir les échos traversaient l’immeuble,
Si bien que les voisins alertés firent intervenir
Police, associations locales, inspecteurs de l’enfance.
Tous, tous ensemble ! Tous mobilisés contre la violence !
Mais rien à faire, le sale larbin ne cessait de gémir,
Et à terme d’idées, ses parents le laissèrent crier seul.

Par dégoût pour l’enfant, sa mère était devenue verte
Tandis que son père restait impassible au bord du lit.
De désespoir elle prit un oreiller pour le faire taire.
Mais devenue sourde, elle ne l’entendit pas manquer d’air,
C’est ainsi que mourut l’enfant, étouffé en plein cri.


Tous s’accordaient alors à l’appeler : « le petit monstre à la gueule ouverte ».



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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptySam 2 Mai - 21:43

Chanson commencée il y a 4 ans, et terminée... Aujourd'hui.

Paris


Paris me sourit, je devine sa malice
Du haut de ma maison je peux voir tous ces vices
Entrée Porte Dauphine, sortie d’périphérique,
Sous vos yeux ébahis, putains et narcotiques
Suivez les lumières, remontez l’avenue Foch,
Je vous sens impatient, ne vous en faites pas on approche

Sous l’Arc voilà les Champs, vous êtes sur une Etoile,
Ca pullule de taxis de people et de McDonalds
Concorde, Tuilerie, Rivoli tout est trop brillant
A partir de Chatelet le fond de teint disparait lentement
L'ivresse s'infiltre sur les quais et ses environs
La Seine est un hôtel, les chambres sont sous les ponts


Je compte les étoiles sur mes doigts
Je compte les tuiles sur les toits
Pour sourire, je peux compter sur quoi ?


Je crache dans la soupe et puis je l’avale cul-sec
J’adore dire que j’n’aime pas ce que j’idolâtre en cachette
Jadis je priai pour que l’grouillement d’insecte s’arrête
Paris m’assassinait puisque je n’couchais plus avec
Et tous mes remords se sont transformés en regrets
Paris, t’es tellement loin, je crois qu’ j’te reverrai jamais.
[i]

HeLiuM.
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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyVen 15 Mai - 21:26

J’ai ça dans l’ sang

J’ai ça dans l’ sang ma belle
j’ai ça dans l’ sang et que ça te dérange
que ça te dégoutte que mon sang soit pourri
par l’éclat du caniveau
Quand je marche que je trimballe ma miche entre les murs de la ville
que je me fond dans la rue et que je disparais
que je la laisse seule avec le trottoir
je vois son ombre
Et si elle perce le béton
qu’elle me rejoint dans mon monde
je me fourre dans ma transparence
j’ai ça dans l’ sang c’est vrai
A la foire des déchets il y a un pan de mur
c’est le mien là il y a ma porte
la porte de mon pays
dans le pan entre les briques
je l’ai dans l’ sang ce pays
c’est le mien
on n’y touche pas
pas un mot sinon
ça éclate dans le caniveau
Dedans il y a une colline brumeuse
un immeuble en miettes d’où sortent des corbeaux
quelques arbres perdus verdâtres
et sur la ligne d’horizon
je vois un paquebot ou plutôt un mirage de bateau
je pense que c’est un paquebot il est grand et fume beaucoup
comme un marin fume
comme un fou fume mais jamais n’ se consume
le ciel est gris pâle et il y a des tâches de blanc dessus
c’est l’éclat du caniveau qui me suit partout

J’ai ça dans l’ sang une hirondelle
vole pique et crève
car
c’est un triste paysage
glauque comme les histoires de fin du monde
mais je m’y amuse plus que dans le vrai monde
au moins là-bas je peux regarder ce que je veux
je vois ce qu’il y a dans ma tête
pas comme
vos sculptures vos peintures vos livres qui m’embrouillent
j’ai ça dans l’ sang
j’aime pas les autres
sauf ceux qui ne me regardent pas
comme les moineaux ils font leurs affaires
sans m’inonder de regards de paroles brèves ou de coups de poing
ils sont paisibles parce qu’ils ont franchi leur porte quand ils sont arrivés sur terre
pas comme les autres
pas comme tout le monde pas tout le monde

J’ai ça dans l’ sang
d’être comme le dernier homme
je le suis peut-être ou peut-être que je suis le premier-dernier
en tout cas
j’ai ça dans l’ sang ma mie
d’être comme je suis.


L'Amputé.
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MessageSujet: bon les pioupioux je vous donne ça ... merci...   Le livre - Page 10 EmptyLun 18 Mai - 21:33

Ce que je veux vraiment faire.
Ressemble à la mort.

Ce que je souhaite n’est pas partir, mais créer.
Créer au delà

Idiot celui qui n’ose dépasser (même a 130)

Il me faudra donc partir face aux vents du temps.
Vaincre et mourir.
La lutte à mort.
Du temps qui passe,
Pour que la vie dure encore,
Et que l’histoire trépasse.

Mort au drame qui sent le temps !

Serai-ce un sacrifice ?
Point de supercherie,
Non plus de perfidie.

Calculons peu calculons bien
Et soyons ceux qui dès aujourd’hui
Partent vivre
Tueurs d’assassins.


Toxicopolo.
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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptySam 30 Mai - 0:49

Le déclin des arts, des médias et de notre monde ?


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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptyVen 24 Juil - 15:31

Clairvoyance


Dans un Paris apocalyptique plongé dans une grisaille tantôt sèche et lourde, tantôt torrentielle, parsemé d’ironiques éclaircies. Dans un Paris s’offrant des airs de fin du monde, je suis apaisé et étonnement serein. Je suis calme et lucide. J’ai retrouvé mon intranquillité, j'ai retrouvé le goût du problème. Parce qu’il m’aura sans doute fallu 21 ans d’existence pour comprendre ma nature, ma caste. Si tant est que l’humanité se divise en deux clans bien distincts, j’ai compris de quelle côté ma balance penchait. Sûrement pas du côté des gens qui s’emploient chaque jour à régler un à un les problèmes soulevés par le simple fait d’exister. Je pense ici à ces gens qui se démèneront comme de tristes diables à trouver leur place dans la société. Se forger une nature, trouver une vocation, se faire des amis durables, rencontrer l’amour, fonder une famille, un foyer, s’établir, s’ancrer, s’enraciner autant physiquement que spirituellement. Ces gens-là qui espèrent mourir heureux en ayant trouvé une réponse à toutes les questions. Ces gens-là me laissent finalement totalement indifférent et je les contemple avec un mépris, une méfiance, une distance perçue comme de la prétention et de la suffisance, ce qui n’est pas le cas. Tout cela n’est qu’affaire de lucidité, de clairvoyance. J’ai vu, j’ai vu clair.

Il faudra à présent faire attention à ne pas se jeter de lauriers dans la tentative qui va suivre d’expliquer les fondements de la caste dont je fais partie. Il n’est ici absolument pas question de choix, en ce sens où l’on comprend – ou contemple – les choses qu’après orientation. Il faut donc bannir le Moi tout-puissant pour tenter d’y voir plus clair – clairvoyance, vertu d’entre les vertus. Donc. Je me rends compte à présent que ce que je suis, ce que j’aspire à être me fait naturellement appartenir à une catégorie de gens qui ne s’épanouiront que dans l’insécurité, l’intranquillité. J’ai compris que je ne pourrais qu’appréhender le monde et l’existence de cette façon, avancer chaque jour en me confrontant à de nouveaux problèmes, de nouvelles questions et fuir, quitter, partir, dès qu’une solution ou qu’une réponse semble se dessiner. Rencontrer de nouveaux problèmes pour mettre en péril une réponse précédemment trouvée. Se mettre en péril. La réponse serait bel et bien l’ennemie de la question. Et la remise en question perpétuelle serait alors le fondement premier, le premier commandement.

Cet illusoire et fragile apaisement me vient de cette révélation. Cette bancale sérénité vient de cet état retrouvé, celui de la mise en péril et de la remise en question. Si j’ai pu penser par le passé – un passé récent – avoir résolu certaines choses, cela m’a finalement causé un tort fou me poussant à agir d’une façon telle qu’il m’est alors apparu qui j’étais, comment j’étais. Instable, conscient, inconscient, adepte de la fuite et de l’imposture. J’ai besoin de l’autre quand il tentera vainement ou pas de me hisser la tête de l’eau, me permettant d’expirer et d’aspirer au moins une fois au risque de s’enfoncer lui-même un peu plus. J’ai besoin d’un autre qui acceptera d’être hissé par moi. Tous les autres ne sont que divertissements futiles, amplement dispensables, potentiels victimes d’un abandon inéluctable. Il est des jours où l’on a cette enivrante impression de voir, de comprendre, de ressentir et d’exister de la meilleure façon possible. Il est des jours où il y a péril en la demeure.


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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 10 EmptySam 22 Aoû - 21:25

Dordogne

La pluie succède désormais au soleil brulant et assassin des 5 derniers jours. Chaque goutte s'écrase lourdement sur le sol, éclatant en minuscules éclaboussures qui se posent dans l'herbe folle. La terre ne peut plus la boire car elle est trop sèche. Les frelons, guèpes, abeilles et autres bourdons continuent sans relâche de butiner les milliers de fleurs, ne laissant aucun répit à ces dames désormais détrempées. Chaque élément de ce système parfait est irrascible et ses acteurs illuminent la piste aux étoiles comme les chevaux tournent dans leur manège. La chaleur écrasante épargne ce jour mais pour combien de temps. Sous peu, les nuages cèderont leur place à l'astre à son zénith, brulant notre sang goutte par goutte et propagent la folie dans nos cerveaux. Les oiseaux s'interpellent, parfois avec véhémence dans leur langue mélodieuse et opaque. La nature est impénétrable tandis que nous tentons de la maîtriser, de l'harmoniser à nos fantasmes d'ordre et de régulation. La vie nous entoure sans vouloir nous pénétrer, insensible à notre présence. L'eau du ciel tient ses promesses, rendant les couleurs plus vives; faisant briller intensément chaque rose, chaque vert, chaque bleu et même le marron de la terre. Le ciel est blanc et l'orage se prépare, emmagasine sa colère pour mieux nous la vomir. L'orage d'été se gonfle de violence et bientôt nous montrera sa force, nous montrera à quel point il est plus fort que nous. Et nous nous cacherons pour lui échapper parce que nous avons peur, parce que nous sommes terrifiés par ce dieu cruel et aveugle qui peu nous anéantir d'un souffle.

Il est midi et c'est dans les fumées savoureuses du repas qui se prépare que les vieux prennent leurs pilules, habitude inaltérable qui les maintient au sol plus qu'en vie. Des cachets roses, bleus, blancs et des boîtes sur lesquelles s'inscrivent les noms des drogues. Les composés chimiques se succèdent dans leurs entrailles meurtries et endorment leurs neurones fragiles. Je ne sais pas vraiment s'ils prennent soin de leur santé ou bien de leur oubli tant leurs yeux se fannent au fil des jours, mois, années qu'il leur reste.

Je ne sais pas vraiment ce qui me fait peur; la perspective d'être à leur place un jour ou bien de ne pas arriver jusque là. car finalement ils ont survécu à des guerres, des crises, des épidémies et plus que tout, ils ont survécu dans un monde qui n'a cessé de devenir étranger pour eux, de devenir hostile et inhumain. Ils ont perdu leur vie à la gagner, respectant jusqu'au bout les règles du jeu, travaillant dur sans jamais compter leurs heures, toujours plus pour gagner plus, faisant des enfants et maintenant un schéma familial de magazine. Ils ont fait tout ce qu'on leur a demandé avec conviction. Pourtant leurs enfants les ont abandonné, leur retraite est minable et la société à oublié leurs sacrifices. Tout le monde s'en fout car, après tout, ils n'ont rien ébranlé, rien changé, n'ont jamais protesté, se rangeant à la vision de la doxa pour mieux en être. Ils se sont contenté de suivre le monde sans jamais vouloir le changer, sans jamais être passioné.

Ils ont vécu comme on voulait qu'ils vivent et mourront dans l'oubli avec sûrement peu de regrets. Après tout ce sera au milieu des fleurs et des abeilles, au milieu de la plus belle de toutes les manifestations de la vie. Simple et aveugle comme eux, comme ces guêpes, comme ces fourmis, comme ces arbres. Ils seront anonymes comme ils l'ont toujours été, et je me garde bien de juger cela car cette humilité est une leçon autant qu'un constat macabre.
Il n'y a pas de reconnaissance pour les humbles, je ne sais pas s'ils auraient un jour préféré les lauriers et je ne le pense pas mais peut-être en auraient-ils mérité pour ne les avoir jamais demandé.



Art. 35.
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MessageSujet: Il paraît que je n'appartiens à personne   Le livre - Page 10 EmptyJeu 24 Déc - 12:46

Il paraît que je n'appartiens à personne


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