Un p'tit air de rue
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Un p'tit air de rue

Projet de rue
 
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HeLiuM
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HeLiuM


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MessageSujet: [corrigé : impératif, accents - Tuil]   Le livre - Page 9 EmptyLun 14 Juil - 17:28

Faible


Tu vois mon garçon, Dieu a créé deux sortes de personnes. À droite, les gens forts, à gauche, les gens faibles. Adam et Ève. Me demande pas lequel était le fort lequel était le faible, j'en sais rien, j'ai pas été témoin. Le serpent, en tout cas, tu sais où il se situe. La pomme aussi.

En tout cas, tu peux être faible sur certains points, tout en étant fort en synthèse. T'as la moyenne, tu vois. Mais c'est pas simple. Y'a plein de matières où t'as plutôt intérêt à assurer mon coco. On peut-être faible physiquement, intellectuellement, socialement, moralement… Y'en a qui sont tout à la fois. Qu'est ce qu'il leur reste alors, tu te demandes ? Et ben, quand t'es faible, à défaut de courage, t'as au moins la capacité d'apprendre, rien ne t'en empêche. Tu vois ce que je veux dire ? Il te reste la culture. Cultive-toi, tu passeras pour un fort.

Imposteur, c'est un métier de faible, tu comprends ? Mais si t'arrives à mourir avant qu'on ait enlevé ton masque, alors aux yeux de tous, t'es fort. Les faibles savent au moins se déguiser. Les faibles peuvent des fois avoir le sens de la formule, bien plus qu'un fort encore.

Le problème c'est que le sens de la formule contre un poing dans la gueule, ben crois moi c'est pas la prose qui l'emporte. « La plume est plus forte que l'épée ». Mon cul ouais.

L'important, c'est de savoir où on se situe. Tu peux toujours faire semblant de faire partie de l'autre clan. Tu peux trahir ton clan, c'est la règle, Dieu même serait d'accord. Tu peux toujours apprendre à être autre chose que toi-même. Trahis tes amis avant qu'ils ne le fassent. Si tu es faible, tu n'as rien à perdre. Parce que, de toute façon, t'es personne. Avant même ta naissance, on t'a oublié. Si t'es faible, faut oublier la notion de vertu, mon pote. Y'a que comme ça que tu t'en sors. Du moins si tu ne veux pas vivre dans le noir complet.

Apprends à être malin. Crétin.


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HeLiuM
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MessageSujet: [corrigé:deux-trois bricoles dans ce monde de brutes - Tuil]   Le livre - Page 9 EmptySam 26 Juil - 14:20

C'est un peu comme être allergique à l'eau


C'est comme être stérile, ou comme avoir une déesse nue dans sa couche et ne pas avoir de sexe. C'est comme être à mi-parcours d'un mur d'escalade, et découvrir qu'il n'y a plus de prise au dessus pour continuer à grimper, et que celles du dessous ont mystérieusement disparues. Ai-je l'espoir qu'un hélicoptère vienne me secourir ? Dois-je patienter jusqu'à ce que mon corps ne tienne plus ? Ou dois-je lâcher, m'écraser au sol et ainsi prendre une grande décision pour la première fois de ma vie ?

C'est comme quand on suit des flèches jusqu'à ce qu'elles disparaissent. Ou être enfermé dans une morgue tout en ayant une envie pressante. Ça ressemble à une chaise à deux pieds, à une brouette sans roue. Un pistolet à eau chargé avec de vraies balles. Une corde trop courte pour s'y pendre. C'est comme être ligoté et avoir le nez qui gratte. C'est comme insulter des automobilistes alors qu'on t'a tranché les deux majeurs. C'est comme vouloir hurler alors qu'on t'a arraché les cordes vocales. Fumer pour oublier que tu bois. C'est comme avoir plus souvent envie de vomir que de manger.

C'est comme être au milieu de l'Océan sur une barque sans rames. Les garde-côtes sont apparus de je n'sais où. Je leur ai demandé mon chemin et ils m'ont verbalisé. Il fut une époque où j'aurai répliqué en aboyant. Là, j'ai juste baissé les yeux. Je ne les ai pas regardés disparaître à l'horizon. J'étais nu, le soleil était de plomb. Comme ma peau est très claire, elle s'est mise à devenir rouge, écarlate, puis à brûler.

Je serai bien allé me réfugier au cœur de l'Océan, mais, vous l'avez deviné : je ne sais pas nager.


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HeLiuM
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MessageSujet: [Corrigé : juste m-e-f. R.à.s. - Tuil]   Le livre - Page 9 EmptyMar 9 Sep - 20:41

The Blue Mask


C'est presque aussi marrant que l'Holocauste. C'est drôle de me tirer de l'euphorie pour me renvoyer direct dans la dépression. J'suis une putain de balle rebondissante, c'est vraiment très drôle de me balancer contre les murs, et si vous êtes une fille, vous allez vraiment adorer ça. Essayez, pour voir. Orgasmique. Y'a un véritable plaisir sexuel à utiliser HeLiuM comme un larbin affectif. C'est excitant.

Qu'est ce qu'HeLiUm ne ferai pas pour vous faire plaisir.

Dans sa chambre, il fait rebondir sa tête de balle contre un mur pour tenter de devenir amnésique et d'oublier la dernière pouffiasse qui l'a piétiné. Impossible de coucher avec des étoiles filantes. Impossible de se faire aimer quand on est un paillasson humain.

Mais HeLiuM cache derrière sa carapace de tortue des épines acérées de hérisson psychopathe. Derrière son doux visage innocent, ses yeux délavés, se trouvent une gueule de charognard haineux et des braises glaciales dans les orbites. Une bête qui aime le sang, la douleur, le désespoir, surtout chez les autres. Un carnivore qui a bien comprit que le meilleur moyen de garder une femme, c'est encore de la tuer et de la bouffer.


HeLiuM.
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HeLiuM
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MessageSujet: [corrigé : juste mise en forme + cédille - Tuil]   Le livre - Page 9 EmptyMer 10 Sep - 20:19

Bête et méchant

J'ai maquillé mes enfants en accident
J'ai maquillé mes enfants en accident
Ils étaient si bêtes, ils me rappelaient mes parents
Ils bougeaient tout le temps et c'était énervant
Ils me fatiguaient j'aurai pas tenu un an

J'ai épousé une femme pour son argent
J'ai épousé une femme pour son argent
Elle est plutôt bête et pas terrible physiquement
Je vais hériter en guise de dédommagement
Elle est assez vieille elle va pas tenir un an

J'ai enterré le cadavre de belle maman
J'ai enterré le cadavre de belle maman
Elle parlait tout le temps, c'était inintéressant
Elle était infecte, elle était pire qu'un serpent
Elle pourrit sous terre, et moi je suis bien content

J'ai déterré le cadavre de mes parents
J'ai déterré le cadavre de mes parents
J'leur devais bien ça, j'étais pas à l'enterrement
J'voulais voir leur corps, c'était vraiment intriguant
Ça puait dedans, ça faisait bien plus d'un an

Mais au fond je suis plus bête que méchant
Mais au fond je suis plus bête que méchant
Mais au fond je suis plus bête que méchant
Mais au fond je suis plus bête que méchant


HeLiuM.
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Fildarm
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MessageSujet: [corrigé:orth,conj,maj,...sf: "humeur palourde" !!? - Tuil]   Le livre - Page 9 EmptyJeu 11 Sep - 13:56

Rajae


Rabat est une ville étrange. La nuit, l'obscurité donne aux murs de grès un air de labyrinthe. Dans la médina surtout. Les formes sont imprécises et la brume légère distord l'éclairage des lampadaires. Quelques ombres dessinent la silhouette d'un Minotaure. Peurs fugitives, cornes taurines à chaque coin de rue. Parfois on croit entendre un rugissement. Mais il ne s'agit pas du monstre. Au loin un ressac sonne, entrecoupé par le bruit des autos. La mer. Quand la lune vient, on entend son ronflement régulier, imperceptible. Berceuse, comptine éternelle. Le passant est envahi par une torpeur, rampant vers lui comme la marée haute. Et il s'endort au coin d'un minaret, les paupières pesantes, l'humeur palourde. Dans Rabat, l'odeur des tubes d'échappement, d'iode et de brume nocturne s'entremêlent : houle tranquille d'une ville endormie.
La brume légère volète à ma fenêtre. Je ne sais d'où elle vient, ni comment. Quand j'étais petite, ma mère disait que c'était le souffle des étoiles : leur lumière faisait frissonner l'air et matérialisait la brume. Maintenant je sais que ce n'est pas ça. Je me dis simplement qu'elle fait partie du cycle des choses, comme la rosée du matin. Chaque soir, lorsque je tends les mains hors de la fenêtre, je sens les tentacules brumeuses enserrer délicatement mes bras : c'est froid, plaisant. Et quand je sors la tête entière, j'ai l'impression de voler dans le cosmos. À chaque fois j'en ris. Au début je souris, puis mes lèvres s'étirent, lentement... Enfin je cède aux pressions, si fortes que mes orteils en tremblent. C'est mon bol d'air quotidien. Sans lui je deviens folle. C'est un vrai besoin. Certains doivent se piquer, d'autres, faire l'amour : moi c'est simple, je mets la tête dans la brume pour me perdre dans ses fumeroles. Et c'est tout.
Je mets la tête hors de la fenêtre. Je plonge dans un nuage frêle. Les odeurs me font tourner la tête : manège entêtant. Je ris. Je pleure. Les deux me viennent dans le même temps parfois. Ça m'arrive souvent dans les salles obscures. Je suis dans le fauteuil, les avant-bras reposant sur les accoudoirs, ma tête avancée vers l'écran noir de mes nuits blanches, et ça vient. « Qu'aimeriez-vous avoir ? », « La vie éternelle. Et puis mourir ». Ensemble, les sanglots jaillissent en hoquets de rire : un vrai bouquet d'onomatopées. À côté, mes voisins se retournent, surpris des nuisances sonores. Je m'en fiche. Godard peut être sublime et ridicule quand il le veut. Absurde même. Ce qui est inconséquent me provoque toujours des effets contraires, qui s'enrichissent de leurs différences. Ça pétille, explose et mousse dans mon cœur. Ridicule. Mais salvateur. En sortant du cinéma, dans la pénombre des couloirs, je saisis les rampes plongeantes sur les côtés, et je m'envoie en l'air. Dans ces moments je ne rigole pas. Je les savoure tranquillement : le rire devient gravité, loopings aériens.
Nuit. Ressac de la mer. Musique électronique. C'est de la hardtek. Les gens bougent autour de moi, pantins déformés, infusés de basses poussées à plus de 800 watts. On se sent comme un staccato, on fait corps avec le stroboscope. Dégradés de mouvements, dans la lumière alternativement crue et noire des projecteurs. Je me prends pour les Daft Punk, en combinaison extra-terrestre. Je suis un terrestre-extra. Verres qui s'enchaînent, mains qui s'approchent. Les désirs des autres coulent et glissent sur moi. Je les rejette, d'un mouvement négligé de l'index. Je veux juste faire l'amour au son qui m'anime. Étreindre les basses, caresser les platines, me fondre dans les jaquettes. Rien d'autre pour ce soir. Je ne partage pas, moi. Et puis il arrive. Le soleil. Rouge sang, dispersant la brume de son éclat, il illumine la discothèque à ciel ouvert. Acclamations, singeries : tout le monde applaudit l'événement. Quelques illuminés se mettent à genoux, en signe de soumission. Moi je ne dis rien. Je pars. Dans la médina, la vie reprend. Et moi, je me glisse dans les draps, jusqu'au prochain soir.


Fildarm.


Dernière édition par Tuilindo le Sam 13 Sep - 18:51, édité 2 fois
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L'Amputé
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MessageSujet: [Corrigé - une broutille - je me foule pas, moi ! LHALV ]   Le livre - Page 9 EmptyLun 22 Sep - 21:52

Comprenez-moi je suis un des plus grands écrivains et

J’écris
Des pamphlets des romans des poèmes des ribambelles des chewing-gums des affiches des brosses à dents des foutaises
J’aime qu’on me lise parce que je suis tout je suis moi et aussi je suis du papier-toilette
Je décris plein de murs et de verdure mais pas les vrais parce que je n’y arrive pas alors j’écris des pamphlets des ribambelles et des riens parce que je suis tout
Pour détruire tous les autres les riens ceux qui n’écrivent pas je leur montre mon moi à moi qui est celui de tout le monde et je suis fier de ça
Longtemps j’écris devant la télé devant le café pour que les gens voient pour que les gens voient qui je suis
Je suis un écrivain moi
J’en suis un et pas des moindres parce que j’écris des brosses à dents des foutaises
Peu je dis
Parce que j’écris et c’est bien supérieur et c’est bien plus beau parce que je fais des phrases supra-composées moi et pas des moindres

Je laisse les autres agir moi parce que moi j’écris et que je ne peux pas faire les deux en même temps moi parce que je suis moi et pas un homme qui est petit je suis grand moi du haut de mon stylo bic moi
Souvent ils subissent ils tombent se meurent ou simplement me lisent mais c’est pas ma faute moi je ne sais que dicter et puis ils ont qu’à mourir ça me fera utiliser du papier

Je me tais moi quand ça barde moi parce que le papier c’est tout ce que j’ai comprenez-moi je ne suis pas comme vous les gens normaux moi je suis un poète et une brosse à dents
Et de toute façon il vaut mieux se taire quand ça barde autre part que par chez moi parce que c’est pas mes affaires elles mes affaires elles viennent après quand tout est fini et que je peux écrire sans me risquer à risquer quelque chose

Je suis moi comprenez-moi je suis vous comprenez vous bien que vous ne pouvez pas me comprendre parce que je suis un grand écrivain

Et qu’ils ont toujours le dernier mot tenez regardez un peu.


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Fildarm
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MessageSujet: [Corr: accents, Oudini, conj, ou/où, bonhomie ,et ++ . Tuil]   Le livre - Page 9 EmptyMer 22 Oct - 1:14

Extrait de roman : Enchères


La salle six était parcourue d'un brouhaha, qui gagnait le couloir et se répandait dans l'hôtel des ventes. Les vitrines avaient disparu, remplacées par une cohorte informe d'individus. Maître Asphodèle siégeait désormais sur une estrade, flanqué de ses deux assistantes aux longs cheveux blonds. Son marteau était soigneusement accroché à son cou. Je me faufilais entre une vieille dame exhalant l'odeur piquante de musc, et une jeunette au décolleté vertigineux. Le commissaire-priseur s'éclaircit la gorge : la vente allait commencer. Il toisa l'assemblée, nonchalamment, avant de déclamer : « Doisneau. Vous êtes ici pour Doisneau. Ce photographe. Ce metteur en scène de la capture instantanée. Un voyou. Vous êtes ici pour acheter les clichés d'un usurpateur. Ou d'un prestidigitateur. Vous n'achetez pas une photo, mais un tour de magie. Vous n'achetez pas une photo, mais un ersatz d'Houdini. À vous de trouver le truc. La séance est ouverte ». Maître Asphodèle claqua des doigts d'un geste impatient et un jeune homme tout en noir portant un col rouge très saillant sortit des coulisses de la pièce pour venir présenter une photo : Les joueurs de fléchettes. Il l'installa sur un reposoir prévu à cet effet, et regagna le sombre couloir d'où il était sorti. « Regardez, dit Maître Asphodèle, comment les joueurs semblent entassés les uns sur les autres, comme un monticule d'ordures. Ils communient dans leur crasse, excités à l'idée de fourrer dans le mille. Ils sont en transe, pour sûr ! Comment croyez-vous qu'un tel cliché puisse être réalisé ? Ça sent le coup fumant. Mais c'est du Doisneau. Mise à prix : 500 euros. »

Un silence. Puis le brouhaha informe, les regards qui jaugent, qui détaillent le sourire coincé du commissaire-priseur. Quelques-uns pouffaient d'énervements, jetant de temps à autre un coup d'œil mauvais vers l'estrade où il se tenait. Je percevais néanmoins à travers l'agacement général des acheteurs, quelque chose de servile dans leurs gesticulations : certains hochaient la tête stupidement, un rictus aux commissures. Oui. Ils regardaient Maître Asphodèle un court instant, puis ils baissaient la tête. On eut dit une meute de chiots, trop peureux pour s'élever contre leur père, la queue entre les pattes. Alors, un doigt boudiné serti d'une bague en or se tendit : c'était Vigatte. « Mon bon Vittorio, s'exclama le commissaire-priseur, une chance que vous soyez là, ou personne ne jouterait de la phalange ! Preneur à 500 euros ! Qui pour 550 ? ». Nouveau silence. À mes côtés, la fille au décolleté leva la main ; je crus voir un frisson léger parcourir sa gorge. Maître Asphodèle la repéra : « Mademoiselle au fond ! Adorable votre chemisier, dommage que les boutons soient d'un vert bouteille. Le bleu aurait mieux convenu. Qui pour 600 euros? ». La fille avait rosi, prenant les tons d'une pivoine transgénique. Vigatte leva nonchalamment le poignet : « 600 par là ; qui pour 700 ? ». Je regardais les boutons du chemisier : c'est vrai qu'ils n'allaient pas du tout avec la teinte blanc-cassée du vêtement. Un bleu tirant sur l'indigo aurait été plus approprié. Le commissaire-priseur avait bon goût. Cette fois-ci, un homme coiffé d'un chapeau-melon très saillant leva l'index : son visage était plein d'assurance, tout rayonnant de cette impertinente bonhommie qui caractérise les dandys. Vigatte releva la main dans la seconde : le commissaire-priseur annonça successivement, « 800, 900 euros, qui pour mille ? ». La fille au décolleté hocha la tête vers l'estrade, puis recommença de façon plus vive. Une des assistantes chuchota à Maître Asphodèle quelques mots avant qu'il ne s'exclame : « Mais oui, la demoiselle aux boutons verdâtres ! 1000 euros ! ». Devant, Vigatte semblait perdre patience : son visage prenait la couleur d'un mauvais vin de table. Il clignait frénétiquement des paupières, démultipliant à chaque battement les veinules rouges qui lui ceinturaient le blanc de l'œil. En quelques secondes, ses yeux avaient pris une couleur rubis, au fond scintillaient deux petits points bleus et perçants. Il leva un poing comprimé. « 1100 à ma gauche ! Qui pour 1200 ? », s'exclama le commissaire-priseur. Le dandy fit un signe de tête, faisant glisser son chapeau sur le nez ; il le réajusta d'un geste sûr et précis. « 1200, allez, qui pour 1500 ? ». Cette fois Vigatte projeta violemment sa main dans l'air, en contractant assez comiquement le visage, devenu rougeaud déjà depuis quelques minutes. « Ah Vittorio ! Je vous reconnais bien là. Mais pas de blague hein ? 2000, allez, encore un effort ! ». Je regardais vers le dandy, et à l'instant où il allait esquisser un mouvement de tête, deux types passèrent à ses côtés, lui glissant quelques mots à l'oreille. Il perdit toute sa contenance dans la seconde, pâlissant furieusement, les mâchoires agitées par un tremblement. Son chapeau-melon tomba par terre. Il le ramassa et quitta la salle en vitesse, le feutre de sa coiffe comprimé entre ses mains. Qu'est-ce que ces hommes avaient bien pu lui dire ? En les regardant attentivement, je les reconnus immédiatement : il s'agissait des deux zozios de Vigatte. Ce dernier paraissait fort satisfait. Maître Asphodèle feignait de n'avoir rien vu, et continuait de relancer l'enchère. Je remarquais seulement une inclinaison particulière à ses commissures, comme s'il réprimait un sourire. « Alors, personne pour 2000 euros ? 1500 une fois, 1500 deux fois, 1500 tr... » : le commissaire-priseur fut interrompu par la fille aux boutons vert-bouteille. « Je prends », dit elle d'une petite voix fluette, presque tremblante. Maître Asphodèle s'exclama, taquin : « Ah mais nous vous avions oublié, très chère ! Ça doit être votre chemisier... Je connais un bon tailleur, rue des Malfagotés... ». J'éclatais d'un grand rire malgré moi, puis fus pris d'une incroyable gêne avant de m'apercevoir que tout le monde s'esclaffait bruyamment. Alors la fille s'emporta, au milieu des rires gras : « Mais il est très bien mon vêtement, mêlez vous un peu de vos affaires ! Et, euh d'ailleurs... vous avez vu ? Vous... vous... vous êtes vu ? ». Elle perdait ses moyens dans l'hilarité générale. Une petite larme coula sur sa joue tandis que le commissaire-priseur la scrutait attentivement, suivant le sillon brillant laissé par la goutte lacrymale. Enfin la fille partit de la même façon que l'homme au chapeau-melon, la mine déconfite. Vigatte souriait ostensiblement. Le commissaire-priseur reprit calmement de sa voix nasillarde : « Si fragiles ces petites. Un rien ne les brise. Tant pis pour elles. 1500 une fois, 1500 deux fois, 1500 trois fois ! Adjugé, vendu ». Sur ce, Maître Asphodèle asséna un grand coup de marteau, – qu'il avait détaché pendant que tout le monde riait à gorge déployée – si fort que le bruit fit sursauter la plupart des acheteurs. Un cravaté vint remettre un papier à Vigatte contre la somme due plus les 20 pour cent de frais. L'enchère était conclue.


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Fildarm
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Fildarm


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MessageSujet: [Corr: plsr maj, brouillones, casba, werchmart, où.... Tuil]   Le livre - Page 9 EmptyMar 28 Oct - 21:44

Vent


Quand le sirocco souffle, les grains de sable viennent se loger sous les bras, se fourrer dans les narines. On le voit venir de loin : les dunes, à perte de vue, sont avalées par un grand tourbillon qui les rend brouillonnes et informes. Elles se dressaient fières comme l'éternité, et d'un coup elles disparaissent, emportées par la force incommensurable du vent. C'est drôle à voir. Chez moi, il n'y a pas grand chose. Quelques photos, deux meubles. Trois fois rien. Le moment où ça devient intéressant, c'est lorsque les murs se mettent à trembler. Ma casbah prend un panache ! Elle a été construite pour ce frisson, dans le but d'essuyer la force des choses. Et s'il y a un truc dont il faut prendre garde par chez nous, c'est le vent. Lorsqu'il souffle, c'est comme un tremblement aérien qui menace de tout faire ployer : partout où tu vas, il n'y a que des murs de sable et de bruit. Mon oncle Saïd qui a fait la guerre en 44, il m'a dit que c'était le même son lorsque les avions de la Wehrmacht passaient en rase-motte et mitraillaient les troupes alliées. Depuis c'était comme un réflexe : dès qu'il entendait le sirocco, il se cachait sous la table, recroquevillé en position fœtale. Ça me faisait rire. Ou plutôt ça me donnait envie de le braver, le sirocco. Alors je sortais. Quand les vrombissements assaillaient la maison, ça voulait dire que j'avais à peu près une minute pour gagner mon point d'observation. D'un seul mouvement, je prenais un foulard blanc que j'ajustais au-dessus de ma bouche, ainsi que les vieilles lunettes d'aviateur de mon oncle : j'avais l'air d'un mécano-dingue, accoutré comme j'étais ! Au moment de sortir, Saïd secouait ridiculement la tête pour me dissuader de braver les nuées de sable : gesticulations tartes, renforçant le désir de s'aventurer dans la tourmente.

Dehors, le silence était grignoté par un bruit sourd et lointain, qui s'amplifiait de plus en plus de manière effrayante. Le sirocco approchait. Cette minute, perdue entre le silence et la fureur grandissante, avait quelque chose de surréaliste. Tout semblait mort, mais comme gorgé d'une force souterraine, prête à jaillir : les griffes du chat ne se distinguent pas, mais elles surgissent selon le bon vouloir du félin. Pendant cette minute, la puissance des éléments était comme les crochets incurvées d'un persan : cachées mais rétractiles, prêtes à sortir du fourreau. Vous voyez ces palmiers, tranquilles, pleins de sérénité ? Attendez de voir comment leurs feuilles dentelées s'agiteront en chiffons fous, lorsque le sirocco sera là. Et les casbahs ? Et les toits des souks ? Tous trembleront dans la fièvre du vent. Tous trembleront. Sauf moi. J'aime prendre la nature à rebrousse poil. Marcher face aux tempêtes, nager contre le Gulf Stream : c'est mon dada. On éprouve mieux l'intensité d'un instant, si court soit-il, lorsqu'on l'affronte.

Plus que trente secondes avant les nuées terribles du sirocco. Au pas de course, je me dirigeais vers le minaret de la ville. Il dominait les toits les plus hauts d'une bonne dizaine de mètres. Blanche comme la nacre, tendue comme un cèdre et prête à recevoir le souffle, la tour était magnifique. Elle se tenait fière comme un roc, dernier rempart des hommes face aux rafales du désert. Autour de moi, des petits tourbillons de poussières naissaient dans les ruelles, quelques volets claquaient bruyamment : percussions et vents s'activaient, annonçant le grand concert du Sahara. À l'entrée du minaret, essoufflé par ma course, je distinguais confusément l'imam me regardant d'un air sévère : sa grosse barbe grise frémissait sous le hochement réprobateur de sa tête, inclinée vers mes pieds. Rapidement, en mimant un geste d'excuse, je laissais mes chaussures à l'entrée. L'imam ferma les yeux et disparut dans la salle des prières. Trois par trois. Je montais les marches de l'escalier en colimaçon trois par trois, si vite que ma tête en tournait. Pendant ma course, les murs du minaret s'étaient mis à chanter, en vocalises sourdes et violentes : plus qu'une poignée de secondes avant le tsunami aérien. Puis ma tête passa par l'embrasure d'une trappe, disposée sur le toit. Le reste du corps suivit. Et là tout en haut de la tour, je vis en contrebas l'explosion de sable fin cogner les premières maisons, engloutir les toits blancs passés à la chaux, ma maison disparaître dans l'élan formidable du sirocco. À Nouakchott, tout finissait par prendre l'éclat brouillon et informe d'une dune. Et là, juste devant moi, à côté de moi, sur moi, le vent me traversa de part en part, comme une épée aux lames multiples et légères. Un frisson glorieux passa par l'échine pour me lancer l'orteil et le bout des doigts : un peu comme si je venais de décrocher un grand prix, ou que la plus jolie fille de la ville s'était jetée à mon cou. Là, contre le désert, j'étais un Éole vengeur. « Ohé, sable inconnu, viens donc endurer mon souffle et mes ardeurs. Tâte-les, vilaine carne, et sens comme ils t'affrontent, Toi, brise du désert. Haha, quelle faiblesse dans ta respiration ! As-tu un pneumothorax, as-tu la crève ? Allez mon Sirocco, du nerf ! ». Je déblatérais intérieurement pendant 20 minutes, une heure, toute une journée.

Mes lunettes d'aviateur étaient recouvertes d'une fine pellicule de minéraux, systématiquement renouvelée par les nombreux embruns sablonneux propulsés par le vent. Je n'y voyais rien. Et pourtant j'étais incliné de tout mon poids contre le courant aérien, comme soutenu par une barre transversale. Le grand pied : en fétu de plomb, j'imprime ma lourdeur au sirocco, qui ploie. Plus besoin de voir, de réfléchir. Seule la sensation comptait. Suspendu par le vent, les oreilles vrillées par sa musique claquante et cinglante, je trônais sur le monde. Ce qui prévaut, c'est la densité de mon enveloppe charnelle que je soumets au vent. À la fois balloté puis supporté, j'oscillais entre vassal et roi. Puis le sirocco faiblit par à-coups, à la manière de ces vieilles automobiles fatiguées par l'asphalte avalé : plus je me laissais aller contre le vent, plus je menaçais de chuter. Et alors, le sirocco s'évanouit. Il n'y avait plus de tremblements, plus de secousses. Seulement le silence : un silence de renouveau, plein de tendresse pour les êtres vivants. Mais j'en avais rien à faire du silence. Seul, tout en haut du minaret, je répétais, grisé : « Viens, viens donc vent du désert ».


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MessageSujet: Par Odie !   Le livre - Page 9 EmptyVen 31 Oct - 22:41

BIENVENUE À SARKOLAND


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MessageSujet: Par Odie !   Le livre - Page 9 EmptyVen 31 Oct - 22:53

Tirez-nous d'là !


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MessageSujet: [corr:1maj,tirets,"contrée","remis";(mspas insouple) - Tuil]   Le livre - Page 9 EmptyVen 31 Oct - 23:14

La haute trahison du bateau de la Seine, de l'homme gros et fat et de l'homme du décor


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MessageSujet: [Corrigé, plsr maj, 1 conj,"règlementation",2accords - Tuil]   Le livre - Page 9 EmptySam 1 Nov - 0:17

Deux grands misérables


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MessageSujet: curiosités...   Le livre - Page 9 EmptySam 1 Nov - 0:32

Compte rendu du conseil de classe du 3ème trimestre de la classe de 3ème 2


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MessageSujet: [Corrigé : "Ça", "À". Oui, c'est tout. -Tuil]   Le livre - Page 9 EmptyMar 4 Nov - 1:03

8 heures 30, je retrouve mon collègue de boulot à La Fourche, on s’échange deux, trois formalités, quelques boutades de comptable jusqu’à la rame, direction Châtillon – Montrouge. Changement Place de Clichy, quelques estocs rituels avec nos confrères de la ligne 2, la RATP nous inonde de musique classique entrecoupée d’annonces, direction Nation. Blanche, ça passe, Pigalle, ça débarque, Anvers, trois pelés de touristes seulement, on décolle pour Barbès. Un vieux titube accroché à la barre, je lui cède ma place, dans un élan de générosité, près du strapontin replié. La Chapelle, on descend, c’est parti pour les grands tunnels de la Gare du Nord.
Quelques-uns slaloment dangereusement, l’ingénieux a chopé sa trottinette, le banc de sexagénaires fait blocus, embouteillage. Ça fulmine, ça toussote, ça te marche sur les talons, ça soupire, tout schuss dans les escaliers pour le RER E, deux blessés, un mort et un voleur coursé par la RATP Sécurité. Manque de chance, le train deux étages, c’était le prochain, y a plus qu’à fermer les yeux jusqu’à Noisy-le-Sec, conclusion : ne jamais prendre les transports en commun avec un collègue, préférer son walkman, ça passe mieux.

18h, fin du boulot, on traverse la foule sur le quai, les abrutis près du bord se feront ratatiner au prochain, à 18h21. Le crétin en costard s’appuie à la barre, impossible de placer sa main, l’autre, derrière, semble nettoyer les vitres avec son visage, mort de fatigue, des gosses crient, trois compères jouent ensemble à Tetris Online en attendant Pantin. Cette fois-ci, on changera à Saint-Lazare, on se sentira mieux respirer.
Changement pour la 13, la mère fourre sa poussette dans nos pattes, on la vire à coups de godasses, le jeune employé gueule dans son micro pour nous rappeler nos devoirs civiques, la vieille se fait couper en quatre, les portes du métro avec les portes anti-suicides, du joli. Le conducteur appuie à fond sur le champignon, il a l’air d’avoir autant envie de se barrer que nous, Liège, arrêt de cinq secondes pour cette station de bureaux qui sert à rien, retour à Place Clichy, la boucle est bouclée, c’est décidé, je rentrerai à pieds.

Mais avec ces foutus couloirs, rebelote avec ceux de la ligne 2, mais cette fois, on le sait tous, c’est la correspondance. Le premier à se faire coincer à l’intersection Porte Dauphine – Saint-Denis / Asnières Gennevilliers sort ses poings, dans un certain élan artistique. Derrière, ça suit, formations pyramides, lancers de toutes ces femmes lentes à talons hauts qui savent pas aligner deux marches, élaborations de barricades à l’aide des valises ou autres caddies qui te sectionnent les doigts de pieds, immolation de tous ces mendiants mal placés, propulsions. Puis congratulations, félicitations réciproques, serrages de pinces, sourires échangés, quelques blagounettes et dispersion.

Je salue enfin mon collègue à la fourche, quelque peu ankylosé, mais en meilleure santé.

- À demain, 8 heures 30 ?



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MessageSujet: [Corrigé : maj à Monop, conj je/tu (Ø/s) -Tuil]   Le livre - Page 9 EmptyMar 4 Nov - 17:05

Histoire de pochetron


Il y a le prisonnier en train de parler
au comptoir des journées englouties
Il parle de se réinsérer à la vie
Parce qu’il en était sorti ?
Non juste parce qu’il n’a pas assez bien joué le jeu
le jeu du faut bien faire
du faux bien-être
ce jeu plus populaire encore que le Monopoly
ce Monopoly aux dés truqués
et cette manie d’emprisonner

Pas envie de l’écouter
il a trop bien compris le message
il a trop travaillé son texte

Un peu d’air frais en ces jours de septembre
c’est bien pour ma maladie
je me rends compte de cette saleté de temps
qu’arrête pas d’éternuer
et qui ne se lave jamais
qui ne change jamais
et c’est bien plus marrant
de voir les costard-cravate avec le nez tout rouge
ça leur donne cet air de pochetron
Le pochetron du Monopoly !
Aller je change les règles tu vas en prison
Et que je ne t’y reprenne plus à flirter avec Wall-Street !
Mais
la seule chose qui ne colle pas
c’est que même avec le nez rouge
il marche tout droit la mallette devant
et ses pas sont lourds
il piétine les idées et glisse dessus à cause du gel
et vlan ! il se retrouve la gueule en vrac
sur le trottoir
en bon ivrogne
en bonne et due forme
en forme de chien couché dans sa niche qui protège son os
lui il protège sa mallette toute lisse
c’est pareil
car dedans il y a un trésor
des milliers et des milliers de sous
l’équivalent de deux tonnes d’argent pur
ça doit faire lourd…
Non mais !
On me ment c’est du chiqué
c’est que des feuilles et du cuir !
c’est que de l’encre et du Sir !
T’as pas une allumette que je te concocte un petit feu d’artifice ?

C’est que les coups vont partir !
une soudaine envie de le frapper
de le frapper jusqu’au sang jusqu’à la crise cardiaque
tellement ce sera dégoûtant !
Et vlan ! vlan ! prends-ça, manant !
prends-ça Fanfan la Tulipe prends-ça capitaine Haddock !
et prends-ça toi aussi !
toi qui regardes ou toi qui lis
c’est pareil
Celui qui regarde un homme se faire battre à mort
et celui qui lit le récit du bourreau
le même faux-jeton
le même
le même
qui ne veut pas tuer
l’Albatros des certitudes
et qui n’entend pas chanter
le Merle de l’amertume.


L'amputé.
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MessageSujet: [Corrigé: "tout", syntaxe, accords - Tuil]   Le livre - Page 9 EmptyMer 5 Nov - 10:59

Les artificieux


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MessageSujet: [Corr:accents, accords,...-Tuil, et vive l'anarchie, merde!]   Le livre - Page 9 EmptyMer 5 Nov - 11:07

Je connais un pays


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MessageSujet: [Encore un qui veut me foutre au chômdu - Tuil]   Le livre - Page 9 EmptySam 8 Nov - 17:28

Moi, de mon côté de la fenêtre, je n'écris pas. Ce qu'il y a là ce ne sont pas des mots. Ce n'est d'ailleurs pas moi qui suis face à la vitre. Je transcris, c'est tout, et c'est si peu comparé à l'immensité de son monde à lui. Les mots n'évoquent rien, les paroles non plus, c'est sa présence qui dit tout.
Il me regarde, vous dis-je, il nous regarde, et il se moque bien de ce qu'on écrit.

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MessageSujet: Re: Le livre   Le livre - Page 9 EmptyDim 9 Nov - 20:45

Jazz


Mouvements secs d'avant-bras, sur la scène du "Birdland". Ces mains sont agiles, agrippant cordes et chevalet en tarentule élastique. Je les voyais ces doigts, roses et bien faits, les extrémités recouvertes d'une fine pellicule de corne : l'apanage des vétérans, la marque distinctive des chefs. Avez-vous déjà serré la main d'un violoniste ? Les doigts souples glissent sans se dérober : elles ont l'agilité de l'anguille et l'aspérité rugueuse du rhinocéros. De ma place, je distinguais les phalanges se contracter et se tendre au fur et à mesure du morceau, et là, accoudé au bar du "Birdland", je souris : le musicien venait de commencer "Minor Swing". Ca débutait doucement, en vaguelettes virtuoses, puis le rythme s'emballa tout à fait. Deux américains sifflèrent d'admiration à ma droite, une fille osa un déhanché. Le violoniste continuait, dans sa bulle de jazz, à jouter de l'archet comme si de rien n'était.

Derrière lui, le guitariste faisait la pompe, l'air concentré, ses grosses mains de bûcheron maniant le médiator. Vraiment, il avait des phalanges de géant. Comment pouvait-il seulement tenir un médiator sans le briser ? D'un geste leste, quasi aérien, la fine lamelle venait gratter les cordes. Et je vous jure, c'est comme s'il caressait sa maîtresse : dans son regard, on voyait une tendre lueur danser. Il avait le manche de l'instrument soigneusement calé dans sa pogne, et son coude posé sur les hanches de la guitare. Et la tête si proche des ouïes, qu'on eut dit qu'il lui murmurait des mots doux. "Sois gentille, sois gentille...", c'était ça qu'il devait lui glisser, entre deux accords. Le type, il s'appelle Schmitt, Samson Schmitt. Il doit mesurer deux mètres et peser 117 kilos, peut-être même 119. Et il jouait de la guitare. Ses notes résonnaient dans ma poitrine, d'un écho grave et léger : douceur et brutalité s'entrelaçaient dans un incroyable rut sonore. Une vraie jouissance.

A côté de l'ours, Samson, il y a Dorado. Son père. Il avait le visage grave des hommes rompus aux succés, la mine tranquille et confiante de ceux qui demeureront dans l'histoire du jazz. Il est là, le public l'idolâtre : c'est une divinité. En véritable dieu, il manie sa guitare comme un sceptre, par une poigne ferme et indulgente. Lui, n'avait pas besoin de médiator. Peau contre cordes. Comme des chocs de chairs peuvent produire de si jolis sons ! Vous savez, les tisserands, leurs doigts et les fils de soie semblent se tisser l'un par l'autre, pris dans une seule et même étoffe. Là c'était pareil. On ne pouvait dire quelle matière engendrait l'autre, ni qui faisait résonner la musique des ouïes. Mais la mélodie s'élevait, et nous les spectateurs, on en était baba. Par moment, Dorado lançait des accords virtuoses, s'offrant des chorus improbables : le violoniste et son fils laissaient le maître s'exprimer à son gré. C'est qu'il est capricieux. Les autres ne l'ont pas vu mais moi je sais. Plusieurs fois déjà, Dorado a lancé de drôles de regards au violoniste, comme s'il voulait dire : "Eho, ici, c'est moi qui régale le public. A chacun sa place.". C'est dans le battement courroucé d'un cil que je l'ai perçu. Les manouches excellent dans les mimiques codées. Mais rapidement, une harmonie revenait parmi les membres du trio. Vous voyez, les notes se repoussent entre elles et d'un coup elles se fondent le plus naturellement l'une dans l'autre, formant un courant musical puissant et sans heurts. C'est ça l'harmonie.

Minor Swing était le dernier morceau. Je l'ai compris parce que les trois musiciens venaient d'accélérer à l'unisson, poussés par l'énergie du grand final. De la même façon qu'un combattant jette ses dernières forces dans l'ultime assaut, les jazzmen envoyaient tout ce qu'ils avaient de technique et d'amour dans leurs derniers phrasés. Le final fut fou, je ne savais plus où j'étais. Etais-je une fusée d'artifice, au coeur d'une pyrotechnie de flammes et d'étincelles ? Etais-je un paquet de nitroglycérine prêt à prendre feu ? Le swing se répendait dans mon ventre, se propageant jusqu'aux extrémités. Une étrange bougeotte s'empara de moi. Machinalement, sans m'en rendre compte au début, je bougeais le bassin de droite à gauche. Et surtout, ma tête hochait toute seule, comme si l'arrière de mon crâne était monté sur ressort. Puis la musique s'arrêta : fin du concert. Et moi, quelque part dans un monde où le jazz résonnerait pour toujours, je continuais à bouger la tête, les pieds et les hanches. Sous mon front, c'était une explosion de jouissance. Le swing infusait mon corps, à la manière de ses fumerolles qui vous tournent l'esprit. Oh, elle était si bonne, cette litanie sans cesse renouvelée ! C'était comme pouvoir respirer dans l'espace, arpenter le cosmos sans combinaison. Et là, juste devant toi, tu vois une étoile enfler, devenir supernova avant d'éclater dans un tonnerre de big-band. C'est ça, à trois ils font imploser l'univers. Les débris volent joyeusement dans l'espace, portés par le swing. Et toi tu voles avec eux, en note libre et légère. Tu rejoins le Panthéon du Jazz. Coucou Django !


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MessageSujet: [Corrigé [vérifier "si ce peut" ? - LHALV]   Le livre - Page 9 EmptyMar 11 Nov - 15:01

Démesurément


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MessageSujet: [RAS - LHALV]   Le livre - Page 9 EmptyLun 17 Nov - 23:51

Le loup



Il grogne et grogne le jeune loup
il fait trembler les environs verdoyants
il racle sa gorge contre la rage à l’état pur
il scrute le grand cerf aux yeux d’azur
sa langue râpeuse lèche ses babines enflammées
et aiguise ses dents d’acier
Il grogne encore et encore plus que jamais
il arrache la chevillette de la candide petite fille
et la traîne dans les environs verdoyants
il l’attaque le vieux cerf
ne fait qu’une bouchée de sa majesté
il broie les bois comme on hache un bœuf
en un mot il nettoie le Pont-Neuf
C’est le voyou de l’entre-deux rives
c’est le bourreau des cœurs arides
c’est la flamme des apatrides.


L'Amputé.
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MessageSujet: [RAS - LHALV]   Le livre - Page 9 EmptyDim 30 Nov - 2:03

L’Être


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MessageSujet: [Corrigé ["Tous" / "Là-bas" / virgule après "Eux"] - LHALV]   Le livre - Page 9 EmptyDim 30 Nov - 2:18

Mélangeons-nous


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MessageSujet: [Corrigé - conj / ponct - LHALV]   Le livre - Page 9 EmptyLun 15 Déc - 0:43

Plainte du bout de la rue de Vaugirard


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MessageSujet: [Corrigé - mais quelle "Histoire" ? ^^ - LHALV]   Le livre - Page 9 EmptyLun 15 Déc - 0:49

Petite note écrite par désœuvrement un dimanche après-midi à Beaubourg


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