L'Etrange histoire de Benjamin Button

Années 20, Nouvelle Orléans. Nouveau-né repoussant abandonné par un père veuf, le rejeton Button est accueilli par une brave jeune femme qui décide de le baptiser Benjamin. C’est en tout cas l’histoire qui est racontée dans son journal intime. Le petit Benjamin, ayant bien malgré lui trouvé un foyer chaleureux, va grandir à sa façon. En effet, il a l’apparence et les capacités physiques d’un vieillard alors qu’il n’a même pas encore appris à marcher. Son espérance de vie est franchement mince, ainsi sa maman d’adoption a décidé de le choyer autant que possible pour que son court passage sur Terre ne soit pas vain. Mais étrangement, au fil des années qui auraient du être des mois, Benjamin ne faiblit pas. Au contraire, son petit corps de vieillard rabougri en fin de vie semble retrouver ses forces, jour après jour. Et pour cause, Benjamin est sujet à une étrange malédiction, ou une bénédiction (le film ne donnera pas la réponse et tant mieux puisque là n’est pas l’intérêt) : son corps est né vieux pour rajeunir. Comprendre : Benjamin n’aura sa crise d’acné qu’à la fin de sa vie. Bien sûr, il ne rajeunit qu’en apparence et subit au fond de lui le même traitement que la vieillesse inflige à tout être vivant.

L’histoire hors norme d’une vie hors norme, donc. Cela mérite bien deux heures quarante cinq durant lesquelles nous auront largement le temps de cogiter sur notre fameuse chance d’être vivant et sur l’importance de chaque être humain. Le message est là, clair comme de l’eau de roche, souligné, surligné, enregistré dans nos caboches de spectateur dès les premières minutes du métrage. Parce que si le dernier film du réalisateur de Se7en et Fight Club a le mérite d’offrir une trame originale, c’est malheureusement à peu près tout. David Fincher, brillant cinéaste insolent et insaisissable, s’est improvisé grand fédérateur d’émotion, et est allé s’aventurer dans la zone sensible appelée fable philosophique. Pourtant, la réflexion ne dépasse jamais les belles images, Brad Pitt en tant qu’acteur n’impressionne jamais plus que son maquillage, le scénario défile en ronflant. Fincher a voulut réaliser son Edward aux mains d’argent à lui (oeuvre à laquelle il emprunte énormément) et n’a fait que son Big fish.

Le plus décevant ? Le manque évident de sursauts. C’est bien simple, dans Benjamin Button, on est jamais surpris. Il n’y a pas un seul moment où on ne devine pas un retournement de situation, une astuce de scénario, même la mort d’un personnage. Classique à mourir. L’émotion reste froide, congelée, figée. L’histoire de Benjamin Button, menée à grands renforts de musique grandiloquente, bouleverse bien moins qu’un Se7en, et le désormais expérimenté Brad Pitt y est bien plus terne. Même les personnages n’arrivent pas vraiment à intéresser. Le pire, c’est que, trop prétentieux pour n’être qu’un divertissement, le film n’amuse même pas. Voici, et c’est avec peine que je vous le dis, le premier véritable faux pas de David Fincher. Mais nul doute qu’il va vite se rattraper.
4/10 : Une vie humaine vaut bien qu’on lui consacre presque trois heures. Malheureusement, le tout est ennuyeux, banal, jamais surprenant. Grosse déception.

A vrai dire, lorsque je suis ressorti du cinéma, j'avais encore la gorge un peu serrée et mon opinion sur le film était moins négative qu'à présent....

Il paraîtrait que le scénario ne trouvait pas preneur à Hollywood, jusqu'à ce qu'enfin, David Fincher trouve le courage et l'audace de s'y atteler. Un bel essai, somme toute, mais finalement, trop de longueurs inutiles, et effectivement, on a l'impression de tourner un peu en rond. De bonnes idées, mais à mon goût, David Fincher aurait pu pousser plus loin, compte tenu d'un scénario bien casse-gueule.

Selon les critiques, Hollywood devrait davantage produire ce type de films, mêlant film d'auteur et blockbuster. A vrai dire, c'est ce juste milieu qui me gêne, ça se tient en équilibre constamment, ça fait tirer la larmouillette au spectateur, ça parle de sujet prooofond (à la limite, sur la même thématique, j'avais bien plus apprécié Sunshine de Danny Boyle), mais voilà, c'est pas abouti.

En reprenant HeLiuM, oui, on sent que David Fincher veut se rapprocher d'un style à la Tim Burton (peut-être que c'est le scénario qui veut ça, aussi), mais en même temps, il donne l'impression de vouloir se créer un nouveau style bien personnel. Mais là dessus, y a encore du boulot.

Bref, c'est un premier essai, je le blâmerai pas pour ça, au contraire. Ça reste quand même un film à voir.

Putain les gars vous débattez sur un film qui est bien mais pas top, alors que Morse risque de pas rester longtemps sur les écrans... Si vous voulez juste pleurer votre mère sur grand écran: GO AND SEE IT!!!
(Oui je sais c'est de la pub invasive mais on peut aussi le voir comme de l'activisme cinéphile...)

Hé dis donc monsieur l'activiste cinéphile, il a l'air sympa ton Morse mais encore faudrait-il qu'il passe dans au moins des cinémas de ma ville ou de ses environs ! Alors pour l'instant, je parle de ce que j'ai vu, des quelques films qui passent en vo près de chez moi, y'en a pas des masses.

J'te jure, cet élitisme des mecs qui habitent les grandes villes, ça me rend malade !

" Je crois pouvoir énoncer cette règle: une histoire, si elle veut être grande et se perpétuer, doit toucher chacun de nous. L'étrange et l'étranger ne nous touchent pas. Nous voulons des faits profondément personnels et familiers." C'est un personnage de Steinbeck qui dit ça, j'ai lu ce paragraphe ce matin, j'ai vu Morse hier et finalement ça explicite mieux que tout autre commentaire ce que j'ai ressenti devant le film.

Pour autant c'est un bon film, images poétiques de neige, musique parfaite, relation d'amours enfantines douce et touchante mais...Trop étrange pour moi.

Par contre, je comprends pourquoi tu as aimé ce film Art, finalement t'es un p'tit Oskar en brun, non ?

Je ne trouve pas que l'univers et les relations qui prennent place dans Morse se trouvent finalement si éloignées des nôtres, si étrangères. Au contraire, même.

A mon égard, ce film expose à merveille la violence du monde de l'enfance et ses conséquences sur le monde adulte, voire même ses liens. Un monde étranger : non, car horriblement réaliste, justement. Les différents personnages éprouvent chacun de lourdes difficultés à communiquer entre eux (on pourra même se référer au titre du film), à construire des liens ; et lorsqu'ils y parviennent, on ressent fortement ce danger qui les guette : la peur d'une rechute dans l'isolement et la mélancolie.

C'est sans doute cette thématique qui m'aura le plus touché. Dans un monde où le silence semble régner en permanence (la neige, justement), la violence peut jaillir de n'importe où, comme si un cri refoulé se devait d'exploser.

Dans un monde où l'on ne nous donne pas notre place, où l'on nous castre (je ne spoilerai pas le film, mais allez voir ce que je sous-entends), trouver l'étrange, c'est peut-être aussi découvrir ce qui nous est extrêmement proche sans que nous voulions l'accepter (et là aussi, je ne dévoile rien, mais ceux qui l'ont vu pourront faire le rapprochement ).

Bref, on pourrait en parler longtemps, de Morse. Un chef-d'oeuvre, pour ma part.

La nouvelle de Fitzgerald (génial écrivain américain, soit dit au passage) traîne dans des tiroirs hollywoodiens depuis environ quarante ans. Longtemps jugé inadaptable, elle est tombée je ne sais comment entre les mains de David Fincher, qui après un ahurissant Zodiac (son meilleur), se lance le défi d'adapter cette nouvelle de 40 pages en un film de près de trois heures. Je veux bien respecter la subjectivité émotionnelle et croire que ce film ne vous a pas touché, même si cela me paraît à moi, fan de la grande tradition classique hollywoodienne, inconcevable. Button est un immense film, dont l'ampleur romanesque transpire à chaque plan, soigné, beau, peut-être trop pour vous ? Le récit et la narration sont privilégiés, les effets spéciaux, le défi technique sont ici au service d'une histoire, ce qui n'est pas toujours le cas à Hollywood. Et quelle histoire : celle normale d'un homme pas normal - ce qui change des histoire folles de gens normaux - qui pose un regard mélancolique sur sa vie, sur celles des autres. Un film qui parle du temps - ce concept si étrange auquel on ne s'intéresse pas beaucoup - avec un regard ni neuf ni vieux, mais universel. Pourquoi l'universalité serait un frein ? C'est tellement plus subtil, mature et envahissant qu'Edward aux mains d'argent. Et la performance de Brad Pitt est géniale, je trouve. Il est en retrait constamment, jouant avec une subtilité et une sobriété qu'on ne lui connaissait pas encore, observant le monde avec ses yeux.

Benjamin Button m'a fait le même effet qu'un grand roman américain. On en sort changé, bouleversé en son for intérieur.

Heureux que tu sois de retour, Adelante ! Ca va peut-être me redonner l'inspiration à moi aussi.
Pour ce qui est de Button, j'ai pas grand chose à ajouter. J'adore aussi les grandes fresques holywoodiennes, mais je préfère franchement revoir Titanic plutôt que me retapper le Button. C'est rare que je sois si catégorique, mais le dernier Fincher m'a vraiment vraiment laissé froid comme la mort. Je n'y vois rien qui puisse me toucher, vraiment rien.
En plus, la scène du taxi qui renverse l'autre gourdasse, je ne l'ai pas précisé dans la critique, mais c'est d'une lourdeuuuuuur... On dirait Danny Boyle qui s'accouple avec Arronofsky. Et les allers retours entre la chambre d'hôpital et l'histoire... C'est carrément fatal pour le rythme.
Le seul côté vraiment positif que je trouve là dedans, c'est que Fincher a abandonné sa réalisation clipesque façon Fight Club qui vieillit plutôt mal. Ca prouve qu'il a murit, mais un peu trop vite, parce que là du coup il prend un sacré coup de vieux.