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 Il était une fois en Amérique

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HeLiuM
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HeLiuM


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Il était une fois en Amérique Empty
MessageSujet: Il était une fois en Amérique   Il était une fois en Amérique EmptyLun 7 Sep - 18:10

Le dernier film que le regretté Sergio Leone réalisa et qui sortit en 1984, Once Upon a Time In America, avec, entre autres, Robert de Niro, James Woods, Joe Pesci et Jennifer Connelly dans son tout premier rôle. Ce projet mastodonte dû murir pendant près de treize ans dans le cerveau de Leone, et Ennio Morricone, le compagnon de toujours, en composa la musique dix ans avant même la première image du film. Le tournage, éreintant, y fut pour beaucoup dans la dégradation de la santé de Leone, qui décéda cinq ans plus tard. Son héritage ? Le meilleur film de tous les temps.

Ici, les anecdotes de production et de tournage ne manquent pas, des excentricités perfectionnistes de Leone jusqu’au montage façon charcuterie par des diffuseurs peu scrupuleux, afin de rendre l’œuvre plus « digeste », comprenez en ôter toute la saveur pour donner à bouffer aux amateurs de fast food. Ce qui ne manqua pas de briser le cœur du génial réalisateur, qui mit toute son âme à enfanter ce monument.

Once Upon a time in America, construit comme une série de flash back (et donc jadis remonté de manière chronologique par des connards véreux et avides, Dieu merci cette version est désormais quasiment introuvable) démarre sur la trahison du gangster juif new yorkais Noodles (Robert De Niro). Poursuivi par ses anciens collègues de la Pègre, Noodles quitte précipitamment la fumerie d’opium dans laquelle il avait trouvé refuge. Il réussit à fuir, et en un bond futuriste, nous voilà arrivés trente ans plus tard, dans les années 60. Loin de ses glorieuses années passées à vivre au profit de la Prohibition, Noodles est devenu un vieillard blasé, sans le sous. Invité à participer à une mystérieuse cérémonie, il est revenu dans le New York de son enfance, persuadé d’avoir en fait été retrouvé par ses anciens poursuivants et se préparant à être tué. Car, rongé par le remord et la solitude, Noodles n’a plus rien à perdre, et a simplement accepté l’invitation par « curiosité ». Mais Noodles est très loin de la vérité, et ne se doute pas une seconde du véritable motif de son retour.

On retourne alors en arrière de cinquante ans, (dans les années 10 donc, vous suivez ?) alors que Noodles et ses amis, ceux là même qu’il trahira à la fin de la Prohibition, n’ont qu’à peine treize ans. Car c’est ici que tout a commencé, la rencontre de l’amitié, la rencontre de l’amour, les premiers pas dans la délinquance, les premiers ébats sexuels, les premiers deuils aussi… Car pour bien comprendre le pourquoi d’une trahison mortelle qui n’est pas ce qu’elle semble être, il faut définir les liens intenses que Noodles tissa avec « Cockeye », Patsy et surtout Max (James Woods) et son impossible amour de toujours, Deborah.

Alors, oui, Once upon a Time in America est très difficile à résumer, et oui, Once Upon a Time in America est un film long. Mais pas excessivement. Car l’histoire, complexe, nécessite absolument une telle longueur. Le film est lent ? Oui et non. Oui, les caméras s’attardent sur les visages, les regards, les situations. Mais Leone raconte une histoire si forte en émotion, les psychologies des protagonistes (et de Noodles en particulier) sont d’une telle profondeur, que là aussi, c’est nécessaire. La longueur des séquences permet au spectateur de réaliser la gravité du dilemme, de comprendre parfaitement ce qu’il se trame derrière le regard de De Niro, et surtout à l’émotion de se développer à son paroxysme. Prenons la scène de la charlotte russe (si vous voulez savoir de quoi je parle, bin vous avez qu’à le regarder !) : pour qu’en une seule scène on arrive à vous faire passer des concepts comme la candeur enfantine, la puberté et la naissance de la sexualité, la pauvreté, la faim, et qu’en plus au passage on a réussit à vous faire pleurer ET rire, vous n’allez quand même pas vous plaindre que c’était trop long. Once Upon a Time in America est un film long, et on en ressort éreinté, lessivé, essoré de toutes les larmes de son corps. Parce que, bien entendu, c’est un film qui requiert une profonde attention et une grande empathie pour les personnages, ce n’est pas un film qui se regarde en mangeant du pop corn, ce n’est pas un film où on s’arrête pour aller aux chiottes (si vous avez vraiment envie, il y a un entracte au bout de deux heures).

Et puis, on n’est jamais allé aussi loin dans la complexité émotionnelle. OUATIA est mon film préféré et le restera sûrement jusqu’à la fin de ma vie parce qu’aucun autre film à ma connaissance est aussi bouleversant. C’est aussi simple que ça. Car cette fameuse trahison, au cœur de cette intrigue à la richesse inégalée, a des visages multiples, innombrables. Elle est très compréhensible de façon concrète, bien sûr. Mais ce n’est qu’à la fin qu’elle prend toute son ampleur. Alors que l’œuvre s’ouvre sur de grandes images de violence (le passage à tabac de Max et Noodles jeunes, l’interrogatoire sanglant de Fat Moe), elle se termine dans un calme mélancolique, crépusculaire, élégiaque. On ne verra pas la moitié du casting crever dans des conditions atroces comme on le verrait dans les Affranchis ou Casino, par exemple. Le dialogue (de sourds) qui clôt ce chef d’œuvre est juste le plus exceptionnel de toute l’histoire de cinéma. Aussi glacial qu’incroyablement chaleureux, il mêle rancune, remords et regrets sans qu’aucun mot ne prenne le dessus, est emprunt d’un sombre désespoir qui finalement mène à l’optimisme. Car, derrière l’apparence dépressive de OUATIA, tout ici ne parle que d’amour et d’amitié dans leurs plus bouleversantes extrémités.
Que dire encore ? Que c’est divinement interprété ? Attendez, on parle de De Niro et de James Woods, là ! Que la musique est merveilleuse (vous n’écouterez plus jamais Yesterday des Beatles de la même manière), que la photographie est la plus belle du monde ? Mais attendez, tout ça, ce n’est que du bonus (et quels bonus !) par rapport à la force émotionnelle que l’on se prend dans la gueule et qui nous fait fondre en larmes à la moindre réplique (« qu’as-tu fais pendant toutes ces années Noodles ? » « Je me suis couché tôt »), au moindre regard de De Niro qui intériorise une douleur immense, et à son sourire énigmatique et à jamais indéchiffrable sur le mythique plan final (d’ailleurs, on ne veut pas le déchiffrer). Que dire encore ?

Une dernière chose. OUATIA est un film à voir, ça, c’est évident. Mais c’est aussi un film à revoir, à re-revoir et à re-re-revoir, et ainsi de suite. Car il est impossible d’en saisir toute la beauté en un seul visionnage (même s’il est devenu mon film préféré instantanément). Et je ne dis pas que le film est trop cérébral pour être compris en une seule fois, car il ne l’est pas. Il est seulement trop chargé, émotionnellement encore une fois, pour pouvoir être digéré en une seule fois. Comme tout chef d’œuvre qui se respecte, Once Upon a Time In America est un film qui parle aux cœurs, pas aux cerveaux.
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