[Thème] La Révolution Animale

La Révolution Animale

Quelques personnes étant apparemment intéressées par ce thème, je me propose d'en dédier une partie. Le concept est simple, prenez donc exemple sur les premiers textes.

La Révolution Animale - I

« C’est interdit de donner à manger aux pigeons ». Il avait écopé d’une belle amende, le pauvre, fallait pas faire le con. Et c’est de là que tout était parti.

Il avait créé toute une organisation rassemblant les meilleurs d’entre eux. Ils faisaient passer les meilleures graines de tout le continent africain par l’Espagne et entreposaient toutes les caisses dans des réserves souterraines. Ca pouvait aller de la cave aux catacombes, c’était bien pratique pour échapper aux flics et pour se donner des rendez-vous. Tout avait été prévu, tout allait bientôt pouvoir commencer, il suffisait juste d’attendre l’été, histoire que toute la clique puisse être au top de sa forme.

Et quand je parle de la clique, je parle des pigeons, évidemment. Faut pas se leurrer, toutes les graines seraient semées dans les rues, autour des bâtiments administratifs et surtout dans les commissariats. Il fallait se venger, ça serait la Révolution Des Pigeons, blocage du système et pire, la RDP allait se finir dans une hécatombe, c’était certain.

Il y en avait même qui parlaient de les doper, pour accroître la puissance de la fiente, pour qu’elle transperce les armures et les masques. Il y avait de l’idée, mais ça sentait le projet pas encore abouti. Encore quelques mois et ils auraient des radars, des bombes miniatures et tout un attirail à faire flipper.

L’ère du pigeon voyageur n’était qu’un lointain souvenir.

Et rappelez-vous : méfiez-vous de tout.

L'homme à la valise.

La Révolution Animale - II

Les moineaux, c’est mignon.

C’est à eux qu’on préfère donner les restes de notre sandwich, c’est eux qu’on préfère entendre chanter dans notre cour d’immeuble, c’est eux qu’on plaint parc’qu’ils vont bientôt disparaître, c’est eux qu’on aimerait tenir dans notre main pour leur gratter la gorge, c’est eux.

Oui, mais c’est eux les plus dangereux.

Des années à se plier en quatre pour devenir les plus petits et les plus attractifs, des années à comploter avec les membres de la RDP pour qu’on en ait pitié, des années à former des groupes d’attaque.

On culpabilise.

Un pigeon, on s’en fout, mais le moineau écrasé sous notre bagnole ? Le moineau tombé dans la flaque d’huile ? Le moineau agonisant sur le rebord de notre fenêtre ? Ils sont partout et ils nous manipulent.

Ils nous utilisent.

Et bientôt, ils rouvriront les portes de leurs silos à mie de pain pour se goinfrer d’un coup, pour devenir les plus gros de tous les oiseaux et nous boucher les sorties de cheminées pour qu’on étouffe dans notre salon. La RDM mettra à disposition ses escouades pour annoncer la RA.

Nous sommes déjà des collabos…

Et rappelez-vous : méfiez-vous de tout.

L'homme à la valise.

La Révolution animale – III

Les moutons, on les voit partout.

Ils sont toujours là, à passer des tickets dans des fentes pour franchir un tourniquet. Toujours là, entassés comme des sardines dans un train sous la terre. Fumant leurs cigarettes devant leur bureau avant de retourner travailler. On les voit tous sortir du travail et se réfugier dans des bars pour boire une petite bière, décompresser. Tout cela avant de s'entasser à nouveau dans ces petits wagons et rentrer chez eux.

Ce qui est bien avec les moutons, c’est qu’ils n’ont l’air de rien, ils sont mignons avec leur grosse laine pour l’hiver. Les moutons se sentent libres. Et c’est bien pour ça que les bergers abusent de leur sympathique soumission.

Mais les moutons ne sont peut-être pas si manipulables que ça.

Eh oui, en fait ils se font passer pour idiots, pour des animaux soumis qui aiment se sentir entourés de ces bergers allemands à képis. Mais non, ils s’organisent, ils y pensent, à cette liberté. Liberté chérie. Ils préparent leur grande révolution, et pour ne pas éveiller les soupçons des bergers, ils ont une façade. Ils font semblant, de temps en temps, de lutter. Plusieurs dizaines de troupeaux se regroupent dans les rues et les avenues, et ils marchent en bêlant, poings et pancartes aux slogans ridicules brandis vers le ciel. Les bergers, jugeant cette acte suffisamment pathétique pour être sincère de la part d'un mouton, font de très légères concessions pour leur donner l’illusion qu’ils ont un minimum de pouvoir, encore.

Mais les moutons ne sont pas dupes ; ils ne se laisseront pas faire. Ils se préparent lentement, mais sûrement. Ils pensent même à une alliance avec les loups, qui, habituellement, les dévorent, pour faire chuter bergers (allemands et autres) et bergères.

Alors oui, pour garder votre suprématie légitime et de droit divin sur les moutons, ne les sous-estimez pas.

Et rappelez-vous : méfiez-vous de tout.

Leahpar.

La Révolution animale - IV

Ils grossissent à vue d'oeil.

Et j'suis pas le premier à le dire, tout le monde l'a remarqué. Avant, les gros rats, on disait qu'ils avaient la taille d'un chat. Maintenant, les rats d'égout, les vrais de vrais, pas ceux que les moutons mettent dans des cages (justement pour pas qu'ils ne grossissent, pas con), ont naturellement la taille d'un chat. D'un chat dodu. Et les gros rats, j'vous en parle même pas.

Vous savez, les rats, ça mange n'importe quoi.

Des sortes d'animaux poubelles. Tu lui donne n'importe quoi au rat, il le bouffe. On a d'ailleurs déjà vu des cas de nouveau nés attaqués par des rats. Et si les pauvres gamins n'ont pas choppé une maladie mortelle et toxique, et ben ils ont bien de la chance. Parce que les rats, maintenant, non seulement ils survivent à la mort au rat, mais en plus, quant il morde un organisme vivant, ça fait effet mort au rats.

J'ai une amie qui a deux rats apprivoisés.

Ils répondent à leur nom, font les beaux, s'assient quant on leur demande, mange des plats cuisinés (mais pas trop épicés), regardent la télé et lisent le journal. "Ils sont super intelligents", qu'elle me répète souvent. Ca oui. Et vous imaginez ce que ça donne, quant les moutons n'encadrent pas les rats ?

Ca fait des années que sous nos pieds, ses rongeurs sont soit ignorés, soit exterminés. Mais, à la manière d'un microbe, ils se sont immunisés contre nos antibiotiques. Et ils grossissent. Certains même se seraient fait pousser des ailes. On appelle ça des pigeons.

Un conseil : laissez les plaques d'égouts en place.

Et rappelez-vous : méfiez-vous de tout.

HeLiuM.

Passant Nombre de messages : 5 Date d'inscription : 04/01/2009

Glissant sous des serments de suif,
Sifflant sur de saints sacrements,
je suis le serpent cynique,

Je me lasse, me laisse bercer par l espace sans laisser de traces, je passe, me fais des bosses sur les coins de table basse, me casse la tête a coups de masse de mots dénués de sens.
J’encense les pensées de certains philosophes, je secoue sans suer centaines de certitudes, et sans cesse je me saoule de trop d’Histoire, de trop de souhaits sans possible naissance. Je me lance sur cent pistes de jouissance qui jamais ne commencent.
Dans cette société farcie de vices, qui avance, sans se soucier des défaillances, cassures ou fissures qui s’imposent en secret, discrètes, tant qu’elles ne sifflent pas dans ses esgourdes son sourd sifflement tenac...SSSssssssssssss……e.
Et si celle-ci court au suicide elle semble exercer une souveraineté sans faiblesse, si persuasive, suivie en masse.
Elle suscite des questions dispersées dans des esprits disloqués.
Moi, je me déplace, me désosse et sue sur la place.

Je m’asphyxie, absorbée par les sarcasmes des souris stupides de ce monde sinistre.
Je les absorbe, glisse ces sangsues dans mon intestin dans mon intestin a caprices.

J’espère une allégresse soumise à conditions impossibles, je souhaite réussir une mission inaccessible.
Suspicieux, angoissé par les sales surprises qui semblent suspendues au fil de ce satané destin.
L’espoir suranné se presse, serré sur mon sein, me suce le sang et sourit de son indélicatesse.
C’est sans suite.

Je ne suis qu'une simple vipère dont le venin est devenu pain du peuple.

Bihly.

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