Un p'tit air de rue
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 NTM, Bercy, le 18/09/08

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HeLiuM
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HeLiuM


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MessageSujet: NTM, Bercy, le 18/09/08   NTM, Bercy, le 18/09/08 EmptySam 31 Jan - 15:34

Ce soir, la loi Evin en prendra plein la gueule.


En entrant dans Bercy aux environ de 20h, tout le monde a bien comprit qu'il n'allait pas voir n'importe quel concert. Il s'agit d'un concert de reformation. Là, toutes les critiques musicales frileuses s'émoustillent, horreur, une reformation, les opportunistes, tout pour le fric, pas sincère, gna-gna-gna. Si le Suprême Nique Ta Mère avait eu besoin de scribouillards pour asseoir son incontestable règne sur le rap français, ça se saurait. Et ouais ma gueule, NTM, en 2008. Le plus grand groupe français de tous les temps, si, je te le dis (j'en vois un au fond qui a dit Téléphone, il sort tout de suite). Au-delà de la musique en béton armé, ils sont champions toute catégorie : textes, polémiques, provocation, attitude… Et scène, que Diable.

La première partie n'a pas laissé échapper un scratch que tout Bercy est déjà envahit par un brouillard cannabique hallucinant : on en prend plein les narines, on en prendra bientôt plein les oreilles.

Le premier groupe donc, dont le nom m'échappe, assure. Personne ne les connaît, c'est clair. L'exercice n'est pas aisé, et il faut reconnaître que le petit blanc bec au débit de mitraillette façon Busta Rhymes s'en sort plus qu'honorablement. Vient ensuite Sefyu, et là, difficile d'oublier son nom, puisqu'il est scandé au moins 7321643892 fois dans les quarante minutes de son set. Après trois premiers morceaux convaincants, le voilà qui se vautre dans de la démagogie sponsorisée par SOS racisme, on est tous égaux, bla bla, ce genre. L'intention est louable, mais le public s'endort. Les morceaux suivants ennuient, rien ne décolle, classique à mourir. Une fois notre ami parti (à notre soulagement), l'impatience du public gonfle comme une baudruche. Les lumières s'éteignent. Un beuglement de Jaguarr retentit. Le monde frémit, la terre tremble.

Seine St Denis Style déclenche les hostilités avec perte et fracas. Constat : la rage n'est pas perdue. Oh mais loin de là, hein. Le refrain est reprit en cœur par un public à moitié décontenancé face à l'énergie qu'il prend dans la gueule. Très vite, Joey s'étonne du "manque d'enthousiasme" du public. Punition : "besoin de rien envie de toi" à donf' dans les basses. Dur. Surtout que, on aimerait faire plus de bruit, mais face à l'autre enragé à gueule de piège à loup, on passe pour des cigales.
On est encore là et ses paroles incendiaires remportent les suffrages comme convenu. Faut dire que celle là, elle est de circonstance. Le couplet de JoeyStarr (encore lui !) est à couper le souffle. Ca mérite d'être étudié dans nos collèges.
"Nique la loi Evin, je vous donne la permission de fumer des cigarettes piégées", ou quelque chose dans le genre, ouvre Pass le oinj' sautillant à souhait. Les oinj' tournent, bien sûr. Les deux caïds sur scène s'accrochent, se cherchent, grognent… Des fauves, on vous dit. Suit That's my people de Kool Shen appuyés par les beuglements de Joey. Un quart d'heure à peine est passé, et, même si l'on n'y pense pas sur le moment, ce concert est entrain de rallumer plusieurs flammes qui semblaient éteintes depuis longtemps : celle de la liberté d'expression, de pensée, celle des grandes gueules, celle de l'espoir. Quand Carla Bruni/Sarkozy se prend un poing verbal dans la gueule, par exemple. Tout est là. Certains crieront à la violence gratuite, à la vulgarité, à la provocation. Moi, j'ai juste vu des mecs qui ont décidé de ne pas contourner la censure pour éviter le procès. Ils ont préféré la dégommer à coup de hache. Comment ne pas approuver ? NTM a le droit de dire merde, et nous aussi. Point.
Le Pose ton gun II de l'ami Joey est une bombe scénique, sans ambiguïté. Qu'est ce qu'on attend rue dans les brancards avec une puissance dévastatrice, le jeu de scène est énorme, les lances flammes sont lâchés (au sens premier du terme), et la dernière phrase résonnera à jamais dans la tête du public : "Dorénavant la rue ne pardonne plus !!!"
Tout n'est pas si facile, c'est la coolitude funky absolue. Paris sous les bombes est superbement intronisé par des écrans représentant un métro taggé de fond en comble. Le rythme est lourd, énorme, Joey braille en se tapotant la gorge, Kool Shen déclame sa partie comme si sa vie en dépendait.
Mais tout ça n'est rien. Après un interlude beatbox fort plaisant, que voit-on, là, en fond de scène ? Est-ce un avion ? Un oiseau ? Non, c'est une guitare, une basse et une batterie. Si. J'ai toujours su que le Suprême était un putain de groupe rock'n'roll.
La puissance et la profondeur est gravement renforcée. Les rythmes s'alourdissent, la basse remue les trippes, les textes sont mis en valeur comme jamais. Laisse pas trainer ton fils est encore plus émouvante, et bien sûr, on oublie pas de saluer les superbes choristes. Pose ton Gun I devient un pur hymne de cité, JoeyStarr est juste indescriptible.
Les morceaux solos du Jaguarr remportent les suffrages : sur le titanesque Carnival, on s'éclate mais on prie pour ne pas mourir écrasés sous des tonnes de pieds, tandis que le Un ange dans le ciel de Kool Shen ne remporte qu'un respect poli. Ma Benz, chanson crétine par excellence, accueille un Lord Kossity comme d'habitude opérationnel pour la scène (tant qu'il ne balance pas ses propres chansons, tout va bien). Explosif, le public reste ravi. Mais le véritable final, le Truc qui n'échappera à personne, dont tout le monde se souviendra définitivement, c'est la reprise de Seine St Denis Style. Les instruments crachent une version speedée de Smell like teen spirit, les deux fous dangereux sur scène entrent dans une fureur traumatisante, tout le monde saute, des gens slamment, bref, c'est du rock, du lourd, c'est extrêmement brutal, ça envoie Rage against the machine aux oubliettes, ça dépote, c'est énorme, c'est grandiose, c'est plein de chose à la fois.
On en ressort littéralement lessivé, éreinté. Autre. On a encore le droit de gueuler, finalement. On a le droit de ne pas être d'accord.
Mais le concert a mit tout le monde d'accord.
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NTM, Bercy, le 18/09/08
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