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 The Dark stuff - Nick Kent

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HeLiuM
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The Dark stuff - Nick Kent Empty
MessageSujet: The Dark stuff - Nick Kent   The Dark stuff - Nick Kent EmptyLun 25 Mai - 14:22

On ne peut pas vraiment dire que la France soit très gâtée, niveau littérature rock. Pendant que les autobiographies boursouflées de starlettes éphémères squattent les présentoirs de la Fnac, les bouquins de d’Alain Dister, de Patrick Eudeline et – surtout – de Lester Bangs attendent désespérément dans les réserves que quelqu’un ait l’idée folle de les commander. Fichtre, rock critic, voilà un métier de branleur pas reconnu à sa juste valeur !

C’est chez un petit disquaire, un survivant peut-on dire, que par un heureux hasard je fis l’acquisition de cet hallucinant ouvrage qu’est « L’Envers du Rock ». Bien sûr, jamais je n’aurais mis un seul centime dans une traduction si puérile, si je n’avais pas identifié l’auteur. Nick Kent, ou l’homme qui redonne ses lettres de noblesse au journalisme musical. Pas un margoulin branchouille qui est entré là parce qu’il a vu de la lumière, voyez. Mais un passionné, le genre de type pour qui cela compte, comme dirait Iggy Pop dans la préface. Car effectivement, si Kent n’a rien d’un musicien professionnel, sa plume et son apport à la chose rock sont si importants qu’on peut dire qu’il a contribué à l’inventer. Il choppe le virus en 1964 à son premier concert des Rolling Stones, à dix ans à peine, irradié par la présence incroyable de Brian Jones. Après ça, sa vie est un roman. Lester Bangs lui apprend le métier, il devient pote avec Keith Richards, sort avec Chrissie Hynde (des Pretenders), traine avec les Sex Pistols, se fait agresser à coup de chaîne de vélo par Sid Vicious, bosse pour (entre autres) le Melody Maker, le NME et Rock’n’Folk, sombre dans la drogue, et revient à la vie tel le phénix. Voilà, odieusement résumé, le parcours de Nick Kent.

The Dark Stuff, donc, est un recueil de divers de ses articles sur ces êtres étranges que sont les rock stars. Sex, drugs & rock’n’roll, oui, mais Dieu merci, pas seulement. Pas de sensationnalisme nauséabond façon « Amy Whinehouse en cure de désintox après avoir sniffé toute une pharmacie ». Le Truc Sombre raconte l’histoire d’être humains si prompts à jouer avec leurs propres limites qu’ils en oublient le monde dans lequel ils vivent. On y croise autant de génies mégalomanes que de jeunes caïds imbibés, des cas désespérés et d’autres plus rassurants qui encouragent à continuer une lecture parfois difficile. Difficile ? Oui, car franchement, on ne rigole pas tous les jours dans le monde du rock business. Certains entretiens de Kent sont si étranges et hauts en couleurs qu’on a parfois l’impression de lire un témoignage sur des faits paranormaux, genre des extra-terrestres ont fait des expériences sur moi.

Des exemples ? Brian Wilson, chanteur et compositeur des Beach Boys, qui est à la Pop ce que Mozart fut au classique. Sa présence même terrifie les journalistes, au point que certains, des fans de la première heure, refusent carrément d’avoir à le rencontrer à nouveau. Bouffé par sa folie créatrice et des traumatismes enfantins, Wilson a le regard d’un môme terrorisé et le corps d’un géant obèse. Un regard si ampli d’angoisse qu’il en devient irrémédiablement contagieux.

D’autres regards difficiles à soutenir sont ceux des Stones. Eux, c’est l’arrogance totale, genre Vous êtes des merdes et nous sommes les Stones. Aussi intimidant que des parrains mafieux, Jagger, le nerveux sarcastique, et Richards le pirate invincible. Et Brian Jones, et sa dégringolade dramatique, bien trop frimeur pour avoir de l’amour propre. Des drames, il y en a beaucoup, dans The Dark Stuff.

Syd Barret, véritable père des Pink Floyd, qui mourut symboliquement en perdant définitivement la raison avant ses vint-cinq ans. La terrifiante créature que fut Lou Reed dans les années 70, une sorte de Gollum sadomasochiste, drogué jusqu’au bout des ongles. L’interview surréaliste, hilarante et pathétique de Roky Erickson, adepte de psychédélisme poussiéreux et de satanisme de bas étage. Le sous évolué Sid Vicious et son absence totale de conscience morale qui se révèlera meurtrière. Le comportement flippant à la Joe Pesci de la star déchue Jerry Lee Lewis. L’imbécilité congénitale des Guns’N’Roses. Le suicide de Kurt Cobain.

Et, finalement, le parcours difficile et émouvant de Neil Young, qui a traversé le pire et est revenu. Drogues, maladies, deuils, Charles Manson. C’est avec philosophie que le Loner aborde son parcours tortueux, dont l’issue paraît essentielle : il en est sorti, sobre, honorable, toujours talentueux, l’âme apaisée.

Bien sûr, le livre refermé, on se précipite sur le plus important, la musique. Car non content de raconter des histoires fascinantes et véridiques, Nick Kent transmet une irrésistible boulimie auditive. Et ça, c’est probablement le plus difficile à faire.
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