Un p'tit air de rue
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Un p'tit air de rue

Projet de rue
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le deal à ne pas rater :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur Moulinex Companion ...
600 €
Voir le deal

 

 Les Noces Rebelles - Revolutionary Road

Aller en bas 
AuteurMessage
HeLiuM
Vice-trésorier
HeLiuM


Nombre de messages : 408
Localisation : Avignon, baby
Date d'inscription : 19/06/2005

Les Noces Rebelles - Revolutionary Road Empty
MessageSujet: Les Noces Rebelles - Revolutionary Road   Les Noces Rebelles - Revolutionary Road EmptyLun 16 Mar - 16:53

Le couple des Wheelers est le couple américain parfait. Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils sont brillants, ont les yeux tournés vers l’avenir, ils vivent dans les glorieuses fifties. La guerre s’est arrêtée, les USA sont désormais les maîtres du monde, la réussite leur sourit, leurs enfants sont charmants, leurs voisins sont adorables. La banlieue qu’ils habitent est chic, le soleil y est toujours lumineux, et la vie coule de source. Oui mais non en fait, n’importe quoi.

Elle est une comédienne ratée, Il suit la voie de son père comme Il suivrait une voie ferrée. Elle, à la réflexion, s’ennuie, et Lui ne pense pas, mais ne vit pas. Revolutionary Road, c’est l’endroit où ils vivent, c’est l’enfer où elle craint de passer sa vie, et c’est le lieu dont Il se contentera.

Lorsqu’Elle soumet à sa moitié l’idée qu’il faille être honnête avec soi-même, écouter son cœur et suivre la petite voix qu’ils ont dans la tête (celle qu’on pourrait nommer folie ordinaire ?), Elle ne se doute pas encore qu’elle va déclencher le processus effroyable et dramatique de destruction de cellule familiale.

Ne jouons pas sur les mots : dans son dernier film, Sam Mendes raconte la même chose que dans son premier, American Beauty. Mais ne dit-on pas qu’un réalisateur fait toujours le même film ? Scorsese lui-même a continuellement vogué autour de la recherche et l’acceptation de soi-même, par la religion, la folie, le crime. Les personnages de Burton sont des étrangers visant (et généralement échouant) à être acceptés des autres. Cessons là les exemples.

Chez Mendes, on se demande pourquoi on s’ennuie quand on devrait s’amuser. Chez Mendes, on se demande pourquoi on devrait supporter un quotidien étouffant et monotone quand on pourrait vivre la grande Aventure, la Vraie, la Seule, la Notre. Bosser pour un connard condescendant quand on pourrait agir de son propre chef ? Supporter poliment son conjoint quand on pourrait l’aimer à la folie ? Faire des gosses par accident, se résoudre à les aimer ? Manger une tarte avec tante Bea quand on pourrait partir loin ?

Plus encore qu’American Beauty, Les Noces Rebelles hurle une angoisse intolérable, celle de faire partie de ces petites gens forcément respectables puisque innocents et travailleurs, celle d’arriver à la fin de sa vie et de se dire péniblement que le bilan est inexistant. Plus encore qu’American Beauty, Les Noces Rebelles est un film subversif, dérangeant. Inconfortable, même. Peut-être même légèrement hautain dans sa moralité (son amoralité ?). Là où American Beauty terminait sur l’un des plus beaux messages d’espoir de l’histoire du cinéma (au Diable l’objectivité), Les Noces Rebelles semble être son yang pessimiste.

L’horreur psychologique a rarement été aussi présente, la violence latente est extrême, les engueulades monumentales du couple DiCaprio/Winslet clouent au siège, nouent la gorge, dilatent les pupilles. Comment ne pas citer Titanic ? Il y a plus de dix ans, Leo l’idole était Le héros romantique et romanesque des années 90. Il est, aujourd’hui, un personnage médiocre, volage et vaguement brutal. Kate lui pique le premier rôle, celle de l’Antigone, romantique au point de sombrer dans l’irrationnel et l’aliénation. Kathy Bates (elle aussi présente dans Titanic) est ici encore une brave femme au grand cœur, enfin, en apparence, puisqu’elle est en vérité une pimbêche hypocrite horriblement conventionnelle. La photographie glaciale et les décors trop sobres pour être honnêtes illustrent le malaise d’une société qui, depuis ces fameuses fifties, n’a jamais cessé d’enfermer le désespoir dans des boites bien vernies.

Mendes, gonflé, trouve même le moyen de s’auto-congratuler au détour d’une réplique, lorsque l’un des personnages marmonne qu’il est simple de connaître la vérité de sa condition mais bien plus courageux d’y faire face. Il y en aura pour trouver l’œuvre antipathique et prétentieuse, et peut-être auront-ils raison. Pourtant, le plan final, drôle, culotté, triste, intelligent, grinçant, bouleversant, tout simplement génial, me conforte dans l’idée qu’il s’agit d’une des œuvres les plus audacieuses et les plus émouvantes de cette fin de décennie. En quatre films, Sam Mendes a imposé une personnalité forte ainsi qu’un talent indéniable et majeur.
Revenir en haut Aller en bas
 
Les Noces Rebelles - Revolutionary Road
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Un p'tit air de rue :: Le comptoir :: Cinéma-
Sauter vers: