Le dernier texte d'Art.35 m'intrigue pour une raison personnelle : son écriture ressemble à la mienne. Elle suit les protagonistes à la caméra, effectue des zooms, rentre dans la chair intime des personnages. Ecriture cinématographique. Forcément, ça me plaît : le lecteur voit la scène. Par ci par là, quelques lourdeurs syntaxiques : "Ces visages sont sales et même lavés ils gardent les rides de la misère qui se creuse dans les chairs de ces presque riens". L'écueil de l'écriture cinématographique, c'est de vouloir tout dire et tout montrer : or, il est important de suggérer, de laisser travailler l'imagination du lecteur. Ce qu'Art.35 fait d'ailleurs ici : "Il plonge dans la fumée, pénètre dans le néant et la brume, dans cette marée d’âmes errantes qui suent pour ressentir." En laissant un voile opaque, quasi intime sur la scène, le lecteur l'éprouve davantage. C'est le seul conseil que je pourrai te donner, Art.35, pour améliorer la qualité de tes textes : apprendre à réduire, à suggérer. La fin m'a particulièrement touché : confondre le personnage aux éléments dissolus, divisés de la pluie, est une ode à l'espèce humaine, à son désarroi, à ses peines. Quand je lis ça, je vois la scène finale de Blade Runner. Tout est dit.